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2022-05-15 | Readers 731 | Share with your Twitter followers Share on Facebook | PDF

Les « Sàmis » en Sápmi (Laponie)


Les « Sàmis » en Sápmi (Laponie)

Ce n’est qu’au milieu du XXe s., à la faveur d’une prise de conscience internationale du statut et des droits des minorités ethniques, que les Sàmis – peuple minoritaire, réparti en zone arctique entre la Suède (15 à 25 000p.), la Norvège (~55 544p.), la Finlande (~2 000p.) et la péninsule de Kola en Russie (~2 000p.) –  ont été considérés comme ‘dernier peuple autochtone d’Europe’ (remontant à l’âge de la pierre). Ils subirent de plein fouet la colonisation[révolution industrielle à l’affût de richesses minières (tels argent, améthyste), de terres, de barrages hydroélectriques (noyant les pâturages), créant des frontières, des voies de communication (routes, voies ferrées), des villes et des « aires protégées »], les dépossédant de leurs terres, empêchant la transhumance.(1) Et une christianisation forcée (vagues d’évangélisation, surtout luthérienne puritaine, éradiquant leurs croyances par la force (autodafé de leurs objets de culte.. de leurs chamans récalcitrants(2)). Aussi sont-ils devenus un peuple sédentaire, bilingue pour la plupart, parlant le sàmi (dont il existe 9 idiomes) et la langue officielle du pays où ils se trouvent, pratiquant une religion chrétienne imparfaitement assimilée, mélangée à des restes de croyances anciennes et de pratiques traditionnelles – que les autorités locales tentent de folkloriser pour attirer les touristes.

Les vestiges de leurs anciennes croyanceset de leurs pratiques cultuelles (sauvegardées par une forte tradition orale) laissent supposer un lien très fort avec l’environnement dans lequel ils vivaient [avec des conditions climatiques très difficiles (ses « huit » saisons, ses nuits polaires, ses jours sans nuit et ses aurores boréales), selon un mode de vie marqué par le nomadisme, la chasse, la pêche et surtout l’élevage du renne].

_Ainsi les Sàmis voient encore le monde partagé en trois entités distinctes :

wA-le monde supérieur, habité par toutes sortes de « déités » (ou « êtres invisibles », « esprits », « forces sur-naturelles ») réparties entre celles de la nature (telles du tonnerre, du soleil, de la lune, du vent, de l’eau, d’animaux sauvages (ours, renard(3), renne.. etc.) qui seront sacralisées), celles personnifiées (telles de la fertilité, de qui détermine le sexe de l’enfant, etc.) et celles abstraites (divinité souveraine) –  divisées en une sphère masculine (régissant le monde des hommes - la chasse, la pêche, l’activité pastorale), une autre féminine (liée au commencement et à la fin de la vie ainsi qu’aux tâches et états de la femme) et une dernière commune aux deux sexes (celle de l’enfantement) ;

wB-le monde tangible, habité par les mortels ;

wC-le monde inférieur (comprenant les ancêtres défunts (jaemegh) (avec une distinction faite pour les chamans défunts) et les êtres souterrains (saajvh)). Ainsi, certaines montagnes seraient habitées par des esprits anthropomorphes (~des djinns) intimement liés aux êtres humains, pouvant même être possédés et vendus par ces derniers, entretenant entre eux-mêmes des relations familiales exactement comme les humains.

 

_Encore aujourd’hui, les Sàmis mènent certaines pratiques (de leurs rites anciens) pour entrer en contact avec ces mondes supérieur et inférieur.

wPour cela ils s’en remettent à des ‘spécialistes’ (hommes et femmes) qui font office d’intermédiaire assurant la communication avec les autres mondes, auxquels ils prêtent un pouvoir d’explication de phénomènes étranges, de prévision d’avenir, et même d’obtention de satisfaction d’une requête. Aussi, ces derniers possèdent-ils une forte influence sur la communauté et se présentent-ils comme conseiller, médecin et personnage religieux.

wLe plus important d’entre eux est le « noaidi » (~ chaman) qui intervient à différents moments et circonstances dans la vie de la communauté. Pendant la séance rituelle, précédée d’un jour de jeûne, le « noaidi », revêtu d’un masque et couvert d’emblèmes, bat de son tambour (meavrresgárri)(4) en entonnant un chant particulier (vuelie) ou (joik), jusqu’à être pris de transes, gésir immobile et muet sous la tente, son esprit étant censé être en communication avec les « esprits ». Il lui arrive aussi, de se balancer, de sauter en l’air, de bondir à droite et à gauche, avant de s’effondrer immobile au sol avant de se redresser. Parfois, il dit se faire aider par des « esprits » (d’oiseau, de poisson, de renne) qui se mettent à son service. Parfois, il est accompagné d’une femme et parfois, tous les membres de la tribu se rassemblent autour de lui, chantent et dansent aussi pendant qu’il bat de son tambour jusqu'à évanouissement, notamment lors d’une maladie ou d’un désastre collectif. A son ‘réveil’, il répond aux questions de l’assistance.

wCertains lieux (siedi) sont encore vénérés, considérés comme sacrés–comme des rochers de forme exceptionnelle, géants ou érigés de façon particulière, voire même des collines – considérés comme des points focaux spirituels, des passerelles vers le monde des esprits (que des sacrifices d’animaux aient lieu ou pas en cet endroit).

wLeur arrive-t-il encore de faire des sacrifices d’animaux (de renne ou d’ours (vénéré pour son intelligence, sa force et sa capacité de marcher sur ses pattes de derrière) dans les grandes occasions ? Quoiqu’il en soit, cette pratique était (ou est ?) réservée aux hommes (les femmes se contentant de faire des offrandes de bouillon ou de graisse à l’intérieur du foyer).


(1)En 1919, une convention fut signée par la Suède et la Norvège mettant fin à la transhumance transfrontalière des Samis.

(2)Le 24/11/2021, l’archevêque de Suède, Mgr Antje Jackelén, s’est excusée devant les représentants de la communauté samie, dans la cathédrale d’Uppsala, regrettant une « évangélisation qui a bafoué la langue, l’identité et la culture samies », « les enfants parqués dans les écoles nomades forcés de quitter la sécurité de leur famille », « les noms amis disparus remplacés par des noms suédois ». (cf. Le Figaro le 6/12/2021)

 (3)Ainsi les aurores boréales (les « feux de Renard ») proviendraient de l’apparition d’un immense renard frôlant avec sa queue la crête des monts, provoquant de véritables étincelles dans les cieux.

(4)Ce tambour étant fait du tronc d'un pin ou d'un bouleau coupé en un endroit précis, portant des inscriptions symboliques.

www.lumieres-spirituelles.net     No115 – Ramadân-Shawwâl 1443 – Avril-Mai 2022

 


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