2-L’éducation des principales forces (7)

A partir du numéro 120 de la revue, nous avons commencé à publier les fondements et les principes de l’éducation islamique de nos enfants, valables aussi bien au niveau de la famille que celui des écoles. Pour cela, nous avons choisi de traduire les principaux passages du livre « L’éducation des enfants »⁽¹⁾ de s. ‘Abbas Noureddine⁽²⁾. La 2^ème partie aborde la question de l’éducation des principales forces de l’être humain. L’éducation de la première force abordée est celle de la « fitra » (la nature fondamentale de tout être humain)⁽³⁾. Nous avons vu les dernières fois ce qu’est la fitra et l’importance de donner aux enfants des histoires et des biographies de ces personnes [comme les Prophètes, les Messagers et leurs Légataires] qui ont atteint les plus hauts degrés de la perfection durant leur vie sur terre. Puis nous avons vu, en deuxième partie, un des obstacles à l’épanouissement de la fitra, qui est cette force de l’illusion (al-wahm) et en premier lieu nous avons fait la connaissance de cette force et comment elle apparaît. Maintenant nous allons voir, dans ces prochains numéros de la revue, comment l’affronter. Après le constat (certes effectué par l’auteur en ce qui concerne la société shi‘ite libanaise, alors que dire en ce qui concerne l’Occident ?), voici la cause et ses conséquences.

A-Education de la « fitra » (7)

II/2) Empêcher la suprématie de l’illusion (al-wahm) sur la Fitra (b)

Nous nous posions la question de pourquoi nos enfants ne se précipitaient pas vers les véritables perfections, vers lesquelles leur fitra (la nature fondamentale de l’être humain) est supposée les attirer ? Et nous avions donné une réponse rapide à cette question en disant que c’était à cause de ces jouissances éphémères qui ont assailli la vie de nos enfants, de ces plaisirs imaginaires qui ont pénétré dans les profondeurs de leur cœur, au point de rendre, en leur présence, tous nos conseils et nos regrets totalement sans effet. Même ! totalement incompréhensibles !

Et il ne se passe pas beaucoup de temps que nous voyons qu’il est déjà trop tard.

En effet, nos enfants vont bientôt sortir de l’école et ils n’auront acquis en savoir, n’auront trouvé comme art, n’auront excellé en réflexion ou n’auront appris de la langue arabe (ou d’une autre langue) que ce dont ils ont eu besoin pour réussir à leurs examens (qui, pour la plupart, ne sont qu’une ruse, ou une fourberie).

Ils n’auront rien compris de la philosophie de la vie [sur terre], n’auront rien appris des aptitudes de la vie, de la gestion de la maison, de l’administration du travail ou d’une bonne direction ou tout autre chose qui rend l’étape suivante de leur vie une occasion pour atteindre les hauteurs.

[L’auteur raconte alors] qu’il a eu l’occasion de connaître beaucoup de ceux qui sont sortis des écoles islamiques ou non-islamiques, de discuter avec eux de façon proche et qu’il a rarement trouvé l’un d’entre eux dominant un sujet ou le connaissant avec perfection.

Et voilà que rapidement l’étape de l’université absorbe nos enfants et les noie dans les soucis des dispositions pour le travail, pour être dans la meilleure situation, pour être des travailleurs efficaces dans une société (ou compagnie) respectable… mais qui n’a aucune relation avec notre société [la société libanaise musulmane], avec ses besoins, son évolution.

Et nous sommes contents parce que nos enfants n’ont pas dévié, que les lustres des passions et les déviations américaines diaboliques ne les ont pas corrompus, qu’ils ont pu assurer leurs ressources de vie de façon convenable et que bientôt ils vont fonder une bonne famille.

Oui ! Nous pouvons être heureux bien que nous voyions que nos enfants se sont transformés en esclaves et en machines dans des établissements de futilité, de frivolité, ou qu’ils travaillent dans certains centres qui profitent à la société mais sans y être un élément innovateur et effectif.

Où s’est égarée cette intelligence qui caractérisait nos enfants durant leur enfance ?

Où est allée cette flamme étincelante ?

Où est parti cet esprit créatif de leur personnalité ?

Revient en fait à la question : qu’est-ce nous espérions ou nous attendions quand nous avions entouré nos enfants de tous les plaisirs illusoires depuis leur enfance et que nous les avons laissés exposés aux cyclones des hallucinations qui ont rendu la réputation, la station, la position sociale, la stabilité financière (les ressources de la vie), l’amour figuré (imagé) et le mode de vie occidental plus beaux et plus grands que ce qu’ils peuvent rêver ?!

Pourquoi nous n’avons pas pu leur faire comprendre que tout cela n’était que mirage, légèreté éphémère, futilité et égarement ?

Pourquoi n’avons-nous pas pu leur faire parvenir les vérités de la perfection et de la félicité qui arrivent dans l’ombre de l’orientation vers Dieu, le service de Sa Religion, la coupure vers Lui [de tout autre que Lui] et de l’amour pour Ses Proches Elus ?

Pourquoi nous n’avons pas pu les convaincre que cette vie en ce bas-monde n’est qu’une étape à franchir, un pont de passage et que l’allègement (at-takhaffuf) et le détachement (az-zuhd) d’elle sont la voie du salut et le chemin menant au but ?

[Et nous revoilà avec les mêmes questions et pourtant,] oui ! c’est bien cela le défi le plus grand de l’éducation !

(pp80-82)

(1)Tarbiyyat al-Awlâd – min al-mabâdî’ wa-l-usûl ilâ at-tatbîq wa al-‘amal de s. ‘Abbas Noureddine aux Ed. Bayt Alkâtib.

(2)cf. L.S. No93, l’entretien effectué avec lui sur ce sujet de l’éducation des enfants.

(3)Nous renvoyons le lecteur à un autre livre que l’auteur a publié, « Rûh at-tarbiyyah » aux Ed. Bayt Alkâtib., où une étude détaillée et approfondie de la fitra est donnée.

www.lumieres-spirituelles.net     No137 – Jumâdî I & II 1447 – Novembre-Décembre 2025