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2025-02-26 | Readers 289 | Share with your Twitter followers Share on Facebook | PDF

L’action psychologique dans le Coran


L’action psychologique dans le Coran

Dominique et Marie-Thérèse Urvoy

Ed. Cerf – Patrimoines Islam – 2007

Cette étude d’une centaine de pages part du constat d’une caractéristique de l’Islam : la certitude du croyant.

Point de départ qui ne manque pas d’intérêt si les auteurs – des spécialistes en islamologie et en civilisation arabe – n’avaient pas réduit son origine à des effets d’ordre psychologique du noble Coran (et non pas sur la réflexion et la juste argumentation s’appuyant sur la Vérité, comme on pourrait s’y attendre).

Pour appuyer leur thèse, ces orientalistes – on pourrait s’interroger sur leurs réelles intentions – disent avoir procédé à « une analyse littéraire globale » du noble Coran et à « une étude des mécanismes mentaux formateurs de la certitude psychologique du croyant », et avoir ainsi mis en évidence quatre types de procédé de rhétorique et d’organisation d’ensemble du texte qui insinuent ce sentiment de certitude.

Leur questionnement de point de départ – « Dans quel but des versets révélés indépendamment les uns les autres sont-ils accolés ? ; Qu’est-ce qui permet de définir l’ordre de la citation ? » – n’est là en fait que pour affirmer une intervention humaine dans la compilation du Texte (sa mise en ordre et sa présentation) et par suite, justifier le fait de voir

, dans ces procédés de fonctionnement du noble Coran (appelés « i‘jâz », ‘éloquence miraculeuse’, dans les sciences du Coran), des manœuvres de manipulation d’hommes politiques (musulmans) pour rallier les musulmans à eux, au lieu d’y voir un moyen pour approfondir la connaissance du noble Coran, rien n’étant anodin ni fortuit dans la Parole divine.

Les quatre procédés de fonctionnement du noble Coran étudiés, décrits à l’aide d’exemples et de tableaux, seront l’objet des quatre chapitres de ce livre.

Le 1er met en évidence certains effets de style (les procédés« rythmiques ») comme les accélérations ou les ralentissements dans la reprise ou l’alternance d’éléments, le 2e, des effets structurels (les procédés « structurels ») comme la répétition de mots, de structures, à l’identique ou avec amplification par ajout, renforcée parfois par l’emploi de particules comme (thumma).

Dans le 3e chapitre (les procédés « subliminaux »), les auteurs vont plus loin et parle d’introduction ou d’ajout « subreptice(1) sans développement dans le prolongement de ce qui a été dit précédemment », de « glissement », de « progression plus insidieuse(2) » en vue d’« instiller(3) dans l’esprit de l’auditeur ou du lecteur, de façon pratiquement subliminale(4), une autre idée-force – c’est-à-dire comme faire apparaître le Prophète(s), non plus comme « un simple avertisseur » mais comme « un chef de communauté, un Prophète armé » auquel il faut obéir – bien que cela ne soit « pas l’objet d’une affirmation dogmatique de la part de la Révélation elle-même », selon leurs dires.

Enfin, dans le 4e chapitre, on assiste à une véritable démolition de la valeur argumentative du noble Coran, en tant qu’ils dénoncent un « court-circuitage de l’argumentation énoncée par l’appel à autre chose », qui « aboutit à la recherche de la persuasion par une démarche de « déplacement (transversal ou longitudinal) de la preuve », c’est-à-dire projection de l’effet psychologique obtenu en un lieu sur un autre lieu. » « Bref, on a affaire à une logique essentiellement émotionnelle. »

La postface achève leur démarche de dénaturation du noble Coran.

Après avoir dénigré des commentateurs (sunnites) du Coran qui – non seulement n’ont pas perçu les mécanismes mis en œuvre pour obtenir la persuasion, mais ont été eux-mêmes « soumis », « modelés » par eux –, ils affirment :

1-l’impossibilitédu « retour au Texte original » ;

2-le « bétonnage » contre toute interrogation du noble Coran en matière théologique (comme sur l’Unicité de Dieu), excluant « toute possibilité de doute en matière de croyance » ;

3-les « ornières » du Coran par rapport aux autres religions, rendant vaine toute tentative de dialogue inter-religieux.

En d’autres termes, la thèse principale de cet essai est d’affirmer que les outils rhétoriques de persuasion utilisés dans le Coran sont tellement forts et implicites qu’ils marquent de façon définitive la pensée islamique, notamment en ce qui concerne l’obéissance due au Prophète Mohammed(s) et les rapports avec les autres religions. On aurait pu attendre autre chose d’eux.

(1)qui se fait furtivement et d’une façon déloyale, illicite. – (2)qui cherche à tromper, qui se répand insensiblement, sournoise-ment. – (3)faire ressentir peu à peu un sentiment chez quelqu’un. – (4)le fait de sublimer en qqch de pur, d’idéal.

www.lumieres-spirituelles.net     No133 – Ramadan-Shawwâl 1446 – Mars-Avril 2025

Citations* de L’action psychologique dans le Coran

†« Cela nous fait rejoindre une problématique, récemment initiée par le père Jomier, qui est celle de la « certitude psychologique du musulman ». Il montre que cette certitude a plusieurs sources : tout d’abord, bien sûr, la conviction de l’évidence de l’islam ; ensuite le style du Coran qui, à travers de multiples variations, sert le plus souvent à mettre le fidèle en présence d’un attribut de Dieu ; enfin la façon spécifique de raisonner qu’on trouve dans le Coran et que Massignon avait qualifiée de « logique de l’intuition que le Coran présente comme loi révélée à la raison.» »(p13)

†« Nous essaierons, dans ce qui suit, de réunir ces deux problématiques de l’analyse littéraire globale, d’une part, et de l’étude des mécanismes mentaux formateurs de la certitude psychologique du croyant, de l’autre. Il s’agira de montrer que cette dernière question est encore plus vaste que ne le montre la considération de fragments isolés et qu’elle porte non seulement sur des affirmations ponctuelles, mais sur des développements entiers qui impliquent une véritable « économie » de la persuasion.»(p26) 

†« Ce que nous venons de voir chez les commentateurs montre la prégnance de la rhétorique à l’œuvre dans cette séquence. Cette façon de faire, « par harcèlement et auto-exaspération », est une de celles qui marqueront le plus les apologistes musulmans. »(p48)

†« La répétition peut prendre deux formes : soit à l’identique, soit avec amplification par ajout.

La répétition à l’identique a pour but l’assimilation entre eux des sujets de chaque séquence, c’est-à-dire de mettre en relief des traits distinctifs d’une certaine catégorie d’hommes de façon à pouvoir extrapoler de ceux qui sont unanimement reconnus comme appartenant à cette catégorie à celui dont l’appartenance fait problème. »(pp55-56)

†«Il s’agit de mener, parallèlement au développement thématique principal, une progression plus insidieuse permettant d’instiller dans l’esprit de l’auditeur ou du lecteur, de façon pratiquement subliminale, une autre idée-force, laquelle ne fera cependant pas l’objet d’une affirmation dogmatique de la part de la Révélation elle-même. »(p71)

†« Mais ce qui est le plus remarquable, c’est que ce caractère politique de l’islam se rattache non à une affirmation dogmatique de la révélation, qui pourrait alors faire l’objet d’une discussion claire, mais à une persuasion insidieuse. Les grands représentants des divers types d’analyse du Coran que sont Tabarî, Zamakhsarî et Fakhr al-Dîn al-Râzî tout en ne saisissant pas le mécanisme d’instillation de ce thème, malgré leur analyse extrêmement minutieuse du texte, en sont très imprégnés et ne peuvent en rendre compte qu’en s’efforçant de transformer l’arbitrage hic et nunc en statut juridique intemporel. »(p83)

†« Le lecteur aura pu constater que la plupart du temps ces procédés sont mis en œuvre pour soutenir l’image du Prophète de l’islam, à savoir ce qui constitue la seconde partie de la profession de foi. La première partie, sur l’unicité divine, en effet, relève surtout d’autres facteurs de certitude qui sont les divers moyens de fermeture sur elle-même de la dogmatique musulmane, et le message coranique est un système idéologique parfait sur ce point. »(pp97-98)

 

†« En un mot, en matière théologique, le Coran a remarquablement « bétonné » contre toute interrogation. Par suite, le doute (shakk), qui sera considéré comme une vertu en matière de pratique (dans le fiqh), sera absolument exclu en matière de foi. »(p99)

†« En fait, les blocages psychologiques que l’histoire a connus – et connaît encore, peut-être plus que jamais – ont été commandés par les réflexes montés par les textes. »(p100)

 

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