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2024-09-02 | Readers 272 | Share with your Twitter followers Share on Facebook | PDF

Le Coran des historiens


Le Coran des historiens

28 historiens des religions sous la direction de Mohammed Moazzi & de Guillaume Dye

 Avec le concours de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes

Ed. du Cerf (nov. 2019 - 3408p)

Le titre provocateur de cet imposant ouvrage de trois volumes, réalisé par 28 orientalistes occidentaux (venant d’Europe, des Etats-Unis, de l’entité sioniste, présentés au début de cet ouvrage), donne le ton de cette entreprise : donner une dimension temporelle, contextuelle, humaine, faillible, matérielle à la Parole divine, transcendant le temps et le lieu, pure, éternelle, infaillible, effective ! Comme si cela allait donner plus de véracité et de crédibilité au projet des orientalistes occidentaux !

L’objectif affiché : « mettre à la disposition du public le plus large possible la synthèse des études passées et le résultat des recherches actuelles sur le livre saint des musulmans, sans pour autant jamais sacrifier la rigueur, la précision et l’érudition scientifiques. »(vol.1 p22)

La démarche suivie est : « en se fondant exclusivement sur des recherches historiques et philologiques [non musulmanes] qui se situent en dehors du registre de la croyance. »(vol.1 p22) Il s’agit d’une synthèse des connaissances occidentales sur le Coran en le considérant « comme un document historique, littéraire, linguistique et religieux du VIIe siècle. »(vol.1 p22)

Deux attitudes méthodologiques sont revendiquées (déjà appliquées dans les études bibliques) qui consistent à s’appuyer sur :

1-un premier principe, « maximaliste », rejeter « tout ce que nous n’avons pas de raisons valables d’accepter dans les sources musulmanes » et

2-un second, « minimaliste », « tenir une source ou une tradition ancienne pour authentique et son contenu pour plausible tant que nulle raison valable pour leur rejet n’a été trouvée. » (vol.1 p23)

1-Le premier volume (de 1014p) présente des études sur le contexte et la genèse du Coran (c’est-à-dire il rappelle tout ce qui se passait en Arabie et autour d’elle au moment de l’avènement du Prophète Mohammed(s)). Il comprend 20 chapitres répartis en trois grandes parties :

A-Le Coran et les débuts de l’Islam, son contexte historique, géographique avec un aperçu sur l’Arabie préislamique et les premiers temps de l’Islam.

B-Le Coran au carrefour des traditions religieuses (juive, byzantine, chrétienne en Perse, Ethiopie, Proche Orient, manichéiste) et des sources apocryphes, avec un aperçu sur l’environnement linguistique et juridique.(1)

C-Le corpus coranique avec une présentation de manuscrits coraniques anciens, un aperçu de son contexte et de sa composition et une allusion à la perception dite ‘shi‘ite’ de l’histoire du Coran.

 

2-Le deuxième volume (de 2386p, lui-même divisé en deux volumes) expose un commentaire et une analyse de l’ensemble du noble Coran, en présentant une étude structurelle de chaque sourate et parfois de groupes de versets (avec le contexte de sa révélation), selon une approche dite historico-critique et philologique.

 

3-Le troisième volume (de 330p), publié uniquement sous une forme électronique, est entièrement consacré à la liste des études (articles, livres, ouvrages collectifs) faites sur le contenu et les figures coraniques depuis les origines de la recherche critique sur le sujet jusqu’à nos jours, mettant en évidence une accélération des recherches et des critiques sur le noble Coran, depuis la fin du XXe siècle.

 

On peut se demander quel profit peut-on tirer de telles études qui, malgré quelques informations intéressantes, s’appuient, pour beaucoup, sur des hypothèses, des interprétations et des suggestions (malgré leur prétention à la scientificité), exprimées dans un jargon peu accessible, et qui n’aident pas à la compréhension du texte coranique. Même ! on peut douter des réelles intentions de la publication d’un tel ouvrage qui ne fait qu’augmenter l’embarras, la perplexité et l’égarement du lecteur, qui ne lui permet pas d’accéder à un enrichissement (même purement intellectuel) et d’atteindre la vérité et la certitude. Même qui ne fait que jeter le discrédit sur le dernier Message révélé, la Parole divine, Guidance authentique pour l’humanité entière.

(1)[Dans la mesure où le noble Coran est le dernier Message révélé, englobant tous les Messages célestes précédents, et qu’il est la Parole divine se manifestant en ce monde à travers les contraintes de temps et de lieu de ce monde, il n’était pas nécessaire de parler d’« emprunts » aux autres religions et autres langues.]

www.lumieres-spirituelles.net     No130 – Rabî‘ I & II 1446 – Septembre-Octobre 2024

Citations* de Le Coran des historiens

†«.. ces recherches[1]semblent avoir définitivement établi quelques repères méthodologiques, épistémologiques et historiques dans ces études : le caractère très problématique de la crédibilité historique des sources musulmanes, la nécessité absolue d’intégration critique des sources non-musulmanes, surtout contemporaines de l’avènement de Muhammad, dans l’étude du Coran, la nécessité de la connaissance philologique des « langues bibliques » (hébreu, araméen/syriaque, grec, latin, éthiopien, etc.) et des langues de l’Arabie préislamique (…), la connaissance des textes religieux qui avaient cours pendant l’Antiquité tardive dans l’immense région que nous appelons maintenant le Proche et le Moyen-Orient, la distinction entre le mouvement religieux de Muhammad et la constitution de l’islam en tant que religion institutionnelle, le rôle majeur de ‘Abd al-Malik (r.65/685-86/705, le cinquième calife omeyyade, dans la naissance de l’islam en tant que religion de l’empire, voire dans l’élaboration du Coran (thèse défendue par Casanova et Mingana). »(I pp28-29)

 

†« A partir de 1977, toute une série de recherches ont tendu à démontrer que l’histoire des débuts de l’islam, racontée par la tradition savante arabo-musulmane, était une reconstruction tardive, éloignée de la vérité et même mensongère. »(I p59) 

†« Au total, on peut dire que la tradition savante a été très oublieuse des rites de l’Arabie préislamique et qu’il est vain de l’interroger pour se faire une idée du polythéisme arabique. »(I p136)

†« On dit souvent du Coran qu’il est « un texte sans contexte ». Une part très importante du Coran est en effet constituée de récits mettant en scène des personnages des traditions juives et chrétiennes (Moïse, Abraham, Noé, Adam, Marie, Jésus et le diable [Iblîs et Shaytân] sont les figures le plus souvent mentionnées) qui sont si allusifs qu’ils ne semblent pouvoir être compris que par des gens qui connaissent déjà les histoires auxquelles il est fait référence : la fonction principale de ces récits est d’ailleurs plus parénétique que strictement narrative, puisqu’il s’agit avant tout de rappeler leur morale et leur signification, et d’insister, de manière systématique, sur l’unicité divine et la nécessité de se préparer au jour du Jugement.  »(I p737)

†« Du coup, la thèse du tahrîf, du « Coran falsifié », largement soutenue dans les milieux shi’ites jusqu’au IVe/Xe siècle, et selon laquelle le pouvoir hostile à ‘Alî et à la famille du Prophète (ahl al-bayt) a supprimé du « Coran originel » toutes les mentions de ces derniers, rendant le Livre déstructuré et souvent difficilement intelligible, gagne en plausibilité. Il ne s’agit bien entendu pas de dire que les sources shi’ites relatent la réalité historique ; elles sont aussi orientées que les sources sunnites et la « réalité » historique semble complètement perdue dans les contradictions des textes et la multiplicité des « représentations » que ceux-ci cherchent à donner de la réalité. »(I p957)

†« Il apparaît donc que la basmala telle qu’on la trouve dans le Coran, notamment en Q 1 : 1, remplit une fonction officielle que l’on pourrait qualifier de « politico-religieuse », puisque c’est le pouvoir omeyyade, et plus spécifiquement le calife ‘Abd al-Malik, qui va remplacer les formes hétérogènes courtes par la basmala « islamique » (celle figurant dans le Coran « officiel ») uniformisée. »(IIa p33)

†« Il n’est nullement établi que les consignes et les instructions concernant les affaires militaires, comme celles examinées dans la sourate 8, remontent à l’Envoyé lui-même. Le mode d’élaboration littéraire de la sourate s’oppose à l’idée qui la ferait dériver tout entière de l’Envoyé/Prophète et prédicateur Muhammad. »(IIa p370)

†« Les v. 8 à 21 relatent l’épisode de la machination des frères, jusqu’à la vente de Joseph aux marchands puis à Potiphar. Il s’agit là aussi d’un épisode tiré de la Genèse (Gn 37, 12-36). »(IIa p518)

†« Ajoutons que la fin de ce passage met dans la bouche de Dieu l’expression fa-l-haqqu wa-l-haqqa aqûlu (« La vérité ! Je dis la vérité ! ») expression que l’on trouve fréquemment dans la bouche de Jésus dans les Evangiles (Badawi, Qur’ân and the Aramaic Gospel, p.196). »(IIb p1287)

 

†«.. on remarquera que le texte qui est aujourd’hui connu sous le nom de sourate al-Ikhlâs est l’un des plus anciens textes « pré-coraniques » dans la mesure où il est attesté de multiples manières sur des parchemins ou dans des inscriptions (officielles ou non) datant d’avant les plus anciens manuscrits du Coran qui nous soient parvenus et renfermant des variantes textuelles plus ou moins importantes (voir de Prémare, Origines, p.36). »(IIb p2313)

[1]A propos de l’étude systémique des sources non arabes et non islamiques du Coran et du milieu natal de Muhammad.

 

*Nous rappelons que les citations sont des reproductions telles quelles de passages du livre, sans correction de notre part.

www.lumieres-spirituelles.net     No130 – Rabî‘ I & II 1446 – Septembre-Octobre 2024


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