L’avarice (al-bukhl)

3-Ses effets (3)

Voici l’étude d’une autre maladie du cœur liée à l’amour (blâmable) pour les biens/argent : l’avarice (al-bukhl). Après avoir vu sa définition, ses marques/signes, nous continuons de voir ses effets tels évoqués dans de nombreux propos rapportés. Et nous avons commencé à voir les effets en ce monde au niveau individuel. Voici la suite.

A/Les effets en ce monde

a)Au niveau individuel (suite et fin)

3.L’absence de repos

L’avare (al-bakhîl) se fatigue beaucoup et prodigue toujours beaucoup d’efforts. Il passe son temps à penser à comment sauvegarder ses biens et à comment les augmenter.

Par crainte pour ses biens, l’avare peut même vivre dans une ambiance de suspicion et de mauvaise opinion de son entourage, pensant qu’on le regarde avec jalousie envieuse et convoitise.

Il est rapporté du Messager du Dieu(s) :

« L’avare est celui qui, parmi les gens, connait le moins le repos. »(1)

De plus, ce sont ses héritiers qui vont profiter de ses richesses !

Il est rapporté du Prince des croyants(p) :

« L’avare est gardien(trésorier) pour ses héritiers. »(2)

4.La pauvreté

L’avare (al-bakhîl) vit une vie de pauvre, parce que, lorsque l’avarice se renforce chez l’avare, il devient avare même avec lui-même. C’est pourquoi il ne vit pas une bonne vie heureuse, aisée.

Mais, cela n’empêche pas qu’il sera interrogé sur ce qu’il aura amassé et gardé, dans l’Au-delà.

Il est rapporté du Prince des croyants(p) :

« L’avare m’étonne : il se précipite vers la pauvreté qu’il fuit et la richesse qu’il recherche lui échappe. Il vit en ce monde la vie des pauvres et il lui sera tenu le compte des riches dans l’Au-delà. »(3)

5.La mauvaise considération des autres

Les gens maudissent l’avare et l’insultent.

Il est rapporté du Prince des croyants(p) :

« Par l’avarice se multiplient les injures. »(2)

6.L’avare suscite des mauvais sentiments dans son entourage

L’avare rassemble beaucoup de vices et de mauvais comportements et, en même temps, il en suscite chez les autres comme la mauvaise opinion, la jalousie envieuse, la peur, la lâcheté, la mauvaise intention, la dureté du cœur. Au point même que le regard sur l’avare durcit le cœur.

Il est rapporté du Prince des croyants(p) :

« Le regard sur l’avare durcit le cœur. »(4) »

Al-Akhlâq fî-l-Qurân de sh. Makârem ash-Shîrâzî, vol.2 pp358-360

7.L’absence de foi

Comme il a déjà été signalé, l’avarice et la foi ne se réunissent pas dans un même cœur.(5)

« Ce que l’on peut noter dans les propos rapportés est cette totale opposition entre la foi et l’avarice.

Il est rapporté de l’Imam as-Sâdeq(p) :

« Le croyant n’est pas avare. Et si on est avare avec lui, il patiente. »(6)

« Le croyant n’est pas lâche, ni avide, ni avare. »(7)

« La nature (sajiyyat) du croyant n’est ni le mensonge, ni l’avarice, ni la débauche. Et peut-être, s’il lui arrive quelque chose de cela, cela ne dure pas chez lui. »(8)

Nous savons que la foi en Dieu (qu’Il soit Exalté) signifie les sentiments du cœur de la Présence de Dieu dans Ses belles Affaires comme la Miséricorde, la Bonté, le Don, la Bienfaisance. Et celui qui ne remarque pas cette Présence de façon absolue dans l’existence n’est pas un croyant.

Dieu (qu’Il soit Exalté) dit : {Si vous comptez les Bienfaits de Dieu, vous ne les dénombrerez pas.}(34/14 Ibrâhîm) La moindre chose que l’on puisse dire à propos de l’avare est que s’il remarquait le Bienfait absolu, il n’interdirait pas [aux autres l’accès] aux biens que son Seigneur lui a donnés.

L’avare est une personne qui ne croit pas que ce qu’il a entre les mains est un dépôt de son Seigneur. Et croire que ce qu’il a, vient de lui-même est la stupidité en soi.

8.La perte de la religion

Il est rapporté de l’Imam as-Sâdeq(p) :

« (…) Et je n’ai pas vu quelque chose qui nuit plus à la religion du musulman que l’avarice avide (ash-shuhh). »(9)

Et proche de ce sens, il est rapporté du Messager de Dieu(s) :

« Rien n’anéantit l’Islam comme l’anéantissement de l’avarice avide (ash-shuhh). »

Puis il(s) dit : « C’est que pour l’avarice avide (ash-shuhh), il y a un rampement comme celui des fourmis, et des ramifications comme celles des filets. »(10) »

Al-Akhlâq al-madhmûmat ‘alâ daw’ fikr al-imâm al-Khomeynî(qs) pp532-533

(1)Bihâr, vol.73 p300 H2 cité par Mîzân al-hikmah, (al-bukhl), vol.1 p353

(2)Ghurar al-hikam,  cité par 11000 hikmat min l’Imam ‘Alî(p) d’Abd al-Wâhed al-Âmadî at-Tamîmî, (al-bukhl) p54

(3)Nahj al-Balâgha, Qisâr al-hikam No127 p677 ; Ghurar al-hikam, cité par 11000 hikmat, (al-bukhl) p55

(4)Tuhaf al-‘uqûl p214

(5)Cf. L.S. No121, le propos rapporté du Messager de Dieu(s) : « L’avarice avide (ash-shuhh) et la foi ne se réunissent pas dans un [même] cœur. » Mustadrak al-wasâ’il, vol.7 p26, cité par Jâmi‘u as-sa‘âdât de sh. Narâqî, vol.2 p343.

(6)Usûl al-Kâfî, vol.2 Bâb 285 al-mu’min wa ‘alâmâtuhu wa sifâtuhu, p235 H17.

(7)Wasâ’il ash-shî‘at, vol.9 p40.

(8)Usûl al-Kâfî, vol.2 Bâb 380 al-llamam, p416 H6.

(9)Bihâr, vol.67 p400

(10)Usûl al-Kâfî, vol.4 p45.

www.lumieres-spirituelles.net     No129 – Muharram-Safar 1446 – Juillet-Août 2024