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2023-01-18 | Readers 1136 | Share with your Twitter followers Share on Facebook | PDF

Le verset 33/(38) Sâd


Le verset 33/(38) Sâd

بسم الله الرحمن الرحيم،

Bi-smi-llâhi ar-Rahmâni ar-Rahîmi,

 

Par le [ou Grâce au] Nom de Dieu, le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux

 

رُدُّوهَا عَلَيَّ فَطَفِقَ مَسْحًا بِالسُّوقِ وَالْأَعْنَاقِ

Ruddûhâ ‘alayya fa-tafiqa mas’hann bi-s-sûqi wa-l-a‘nâqi

 

Et en français, selon une traduction littérale (sauf le mot que nous allons étudier) :

Par le Nom de Dieu le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux

{Ramenez-le (ou les)-moi ! [selon qu’il s’agit du soleil ou des chevaux]

Puis il se mit à (mas’hann)sur les pattes et les cous.}

Dans le cadre d’un programme spécial effectué durant le mois de Ramadan 1443H à l’adresse des francophones pour les encourager à ne pas se contenter de lire le noble Coran en français et à revenir au texte original, dans sa langue d’origine divine – même sans connaître l’arabe –, trois versets coraniques ont été présentés, repris par la suite dans trois numéros de la revue. Dans chacun de ces trois versets, l’accent a été porté sur la compréhension (et donc la traduction) d’un mot qui jette une lumière particulière sur le comportement d’un Prophète(p), mot que le lecteur francophone peut facilement retrouver dans le Dictionnaire du vocabulaire du noble Coran(1). Ainsi le lecteur francophone se rendra compte de lui-même comment la traduction d’un mot en une autre langue que celle d’origine, divine de surcroît, peut le priver de certains enseignements, et même, parfois, l’entraîner vers un sens qui entre en contradiction avec les fondements de croyances provenant du Coran-même et des enseignements du Messager de Dieu(s) et de sa sainte famille(p). Voici le dernier verset : 33/38 Sâd.

Ce verset {{Ramenez-le (ou les)-moi ! [selon qu’il s’agit du soleil ou des chevaux]Puis il se mit à (mas’hann)sur les pattes et les cous.}(33/38 Sâd)évoque la réaction du Prophète Sulayman(p) quand il(p) se rendit compte que le temps de la prière de l’après-midi était passé alors qu’il(p) était occupé à regarder des chevaux.  Il donne lieu à différents commentaires ou interprétations : 1)selon que l’on renvoie le pronom personnel () (هَا) dans (ruddû-hâ) (رُدُّوهَا) au soleil (qui est féminin en arabe) ou aux chevaux, 2)selon les récits ou propos rapportés qui parlent de ce verset et auxquels se réfèrent les commentateurs.

En effet, plusieurs récits (d’origine sunnite ou shi‘ite) relatent cet évènement durant lequel le Prophète Sulayman(p) aurait laissé passer le temps (préférable ou total) de la prière.

Les détails de cette histoire ne seront pas abordés ici, l’objet d’étude ici se portant sur le sens du mot (mas’hann) (مَسْحًا) et sur sa traduction en français.

Tout le monde connaît ce mot (mas’hann) (مَسْحًا) pour être employé dans le noble Coran pour indiquer le fait de passer la main mouillée sur la tête et les pieds pour les petites ablutions(2).

dCe que dit le Dictionnaire du vocabulaire du noble Coran :

®Nous allons d’abord nous assurer de la bonne compréhension de ce mot en vérifiant dans le Dictionnaire. Et par la même occasion, nous allons voir le mot précédent (tafiqa) (طَفِقَ), au cas où son emploi pourrait modifier le sens du mot qui suit, en l’occurrence ici (mas’hann) (مَسْحًا).

 (tafaqa) طَفَقَ

L’idée fondamentale unique en la matière (ou racine) : le fait d’être prêt à passer aux actes, à faire qqch.

—(tafiqa) (طَفِقَ) : se mettre à (22/7 al-A‘râf ; 121/20 Tâ Hâ ; 33/38 Sâd). (p248)

 

(masaha)  مَسَحَ   

L’idée fondamentale unique en la matière (racine) : le fait de passer qqch sur qqch par le toucher, que ce soit avec la main ou un autre membre, dans le but (ou pas) d’enlever qqch de l’endroit essuyé ou de celui qui essuie.

—(masaha) (مَسَحَ) :  passer, essuyer (43/4 an-Nisâ’ ; 6/5 al-Mâ’ida :

وَامْسَحُواْبِرُؤُوسِكُمْوَأَرْجُلَكُمْإِلَالْكَعْبَينِ

wa-msahû bi-ru’ûsikum wa arjulakum ilâ-l-ka‘bayni

et passez [les mains mouillées] sur vos têtes et sur vos pieds jusqu’aux tarses

c-à-d le passage des mains mouillées sur la tête et les pieds jusqu’aux tarses, en opposition au fait de laver le visage, les mains et les avant-bras jusqu’au coude, le (bi (بِ) notant le lien) indiquant juste la réalisation du lien, la réalité de l’essuyage de la tête et des pieds avec l’eau des parties « lavées » et où il doit avoir lieu, sans englober obligatoirement tous ces endroits).

–(mas’h) (مَسْح) nom d’action du verbe (masaha (مَسَحَ) passer, essuyer) : le fait de passer, d’essuyer, de frotter, de palper (33/38 Sâd). (pp385-386)

 

Donc wle verbe (tafiqa (طَفِقَ) se mettre à) n’apporte aucune modification au sens du mot qui suit ;

     wle mot (mas’hann) (مَسْحًا) a bien le sens de passer (la main ou autre chose) sur quelque chose, le toucher, l’essuyer et n’a pas d’autre sens. Il n’y a aucune ambiguïté dans le sens de ce mot.

 

®Ainsi, la traduction littérale (c’est-à-dire proche de l’arabe) de ce verset serait :

Par le Nom de Dieu le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux

{Ramenez-le (ou les)-moi ! [selon qu’il s’agit du soleil ou des chevaux]

Puis il se mit à passer [la main ou autre chose] sur les pattes et les cous.}(33/38 Sâd)

 

Il n’y a, dans ce verset, aucun mot, aucun indice qui permettrait de dire que le Prophète Sulayman(p) aurait coupé, tranché les pattes et les cous de ces animaux, ces chevaux par lesquels il(p) a été mis à l’épreuve. C’est-à-dire il n’y a aucun indice permettant de dire qu’il les aurait tués. Et va dans ce sens, un propos rapporté de l’Imam as-Sâdeq(p).(3)

 

dQuestions supplémentaires :

—Pourquoi la majorité des traductions disent que le Prophète Sulayman(p) a tué ces chevaux ?

—D’ailleurs, pourquoi les aurait-il(p) tués ?

—Qu’ont fait ces bêtes pour être mises à mort ?

—Est-ce de la morale d’un Prophète de tuer des bêtes parce qu’il s’est laissé distraire par elles ou avait été occupé par elles ?

—Ce ne serait pas un acte injuste de la part du Prophète Sulayman(p) ?

En tout cas, il serait en totale contradiction avec cette croyance en l’infaillibilité, en la sagesse et en la haute morale des Prophètes et des Messagers de Dieu, fondée sur le noble Coran et les enseignements du Prophète Mohammed(s) et de sa sainte Famille(p) !

 

Voici un nouvel exemple qui montre qu’une traduction peut égarer le lecteur francophone s’il se contente de lire le noble Coran en français. Il reste ainsi tributaire des traductions (pouvant obéir à des mobiles extérieurs au noble Coran lui-même, ou se référer à des récits dont la source est discutable, ou qui peuvent même être en contradiction avec la Parole divine).

Alors que les versets du noble Coran sont des Signes de Dieu (qu’Il soit Glorifié) sur lesquels Dieu nous invite à réfléchir pour Le connaître et nous rapprocher de Lui (qu’Il soit Glorifié) !

(1)Un abrégé en français d’« at-Tahqîq fî kalimât al-Qur’ân al-karîm » de sh. H. al-Mustafawî, présenté dans la revue Lumières Spirituelles No114 pp32-33 – Pour écouter et voir sa présentation : https://youtu.be/n4bysY55MDY.

(2)Cf. la  fiche du 6e jour du mois de Ramadan 1443H.

(3)A propos de ce verset, il est rapporté de l’Imam as-Sâdeq(p) : « Un jour, en fin d’après-midi, il fut présenté à Sulayman fils de Daoud(p) des chevaux. Il(p) fut occupé à les regarder jusqu’à ce que le soleil fût voilé. Il(p) dit alors aux Anges : « Ramenez le soleil pour que je puisse prier ma prière en son temps. » Ils le ramenèrent. Il se mit alors à essuyer (passer la main sur) les pattes et le cou d’un cheval et il(p) ordonna à ses compagnons qui n’avaient pas prié comme lui de faire de même. C’était ainsi leurs petites ablutions pour la prière. Ensuite il se leva et pria. Quand il eut fini, le soleil disparut et les étoiles montèrent. »

(Man lâ yahduruhu al-faqîh, de sh. as-Sadûq, vol.1 pp202-203 ; Bihâr, vol. 79 p341 ; cité également par s. TabâTabâ’î(qs), vol.17 p168)


www.lumieres-spirituelles.net     No120 - Rajab-Sha‘bân 1444 – Février-Mars 2023


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