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Réflexions sur le sermon 80 du Nahj al-Balâgha (7 et fin)
Réflexions sur le sermon 80 du Nahj al-Balâgha (7 et fin)
Intitulé « Après la bataille d’al-Jamal – du blâme des femmes »
Nous avons vu, les dernières fois, 1-la traduction du sermon avec son étude lexicale, 2-un rappel des circonstances de la tenue d’un tel sermon public, 3-un premier commentaire (selon l’apparence), 4-les principales sources rapportant ce sermon, 5-sa confrontation avec le noble Coran et la tradition prophétique, 6-l’attitude à avoir vis-à-vis de ce sermon, 7-une étude un peu plus approfondie de ce sermon, 8-un petit rappel d’un certain nombre de points concernant la vision générale de l’Islam de la femme 9-et de l’organisation de la société humaine et ses répercussions sur le comportement des gens, du point de vue de la relation homme/femme. Voici enfin 10-la conclusion portant sur les leçons qui peuvent être tirées de ce sermon, hors du débat sur l’authenticité ou non de l’origine de ce sermon.
« Rassemblements de gens !
Les femmes ont des manques au niveau de la foi, des manques au niveau des parts, des manques au niveau des raisons. Quant au manque au niveau de leur foi :le fait d’être assises loin de la prière et du jeûne [de s’arrêter de prier et de jeûner]pendant les jours de leurs menstrues. Quant au manque au niveau de leurs raisons :le fait que le témoignage de deux femmes équivaut à celui d’un homme. Quant au manque au niveau de leurs parts : le fait que leurs parts d’héritage sont selon la moitié de cellesdes hommes.
Alors craignez les mauvaises femmes et soyez sur vos gardes avec les bonnes d’entre elles, et ne leur obéissez pas dans ce qui est convenable pour qu’elles ne convoitent pas dans le blâmable. » (Khutbah 80 pp180-181)
مَعَاشِرَ النَّاسِ، إِنَّ النِّسَاءَ نَوَاقِصُ الإيمَانِ، نَوَاقِصُ الْحُظُوظِ، نَوَاقِصُ الْعُقُولِ: فَأَمَّا نُقْصَانُ إِيمَانِهِنَّ فَقُعُودُهُنَّ عَنِ الصَّلاةِ وَالصِّيَامِ فِي أَيَّامِ حَيْضِهِنَّ، وَأَمَّا نُقْصَانُ عُقُولِهِنَّ فَشَهَادَةُ امْرَأَتَيْنِ مِنْهُنّ كَشَهَادَةِ الرَّجُلِ الْوَاحِدِ، وَأَمَّا نُقْصَانُ حُظُوظِهِنَّ فَمَوَارِيثُهُنَّ عَلَى الأنْصَافِ مِنْ مَوارِيثِ الرِّجَالِ; فَاتَّقُوا شِرَارَ النِّسَاءِ، وَكُونُوا مِنْ خِيَارِهِنَّ عَلَى حَذَر، وَلاَ تُطِيعُوهُنَّ فِي المَعْرُوفِ حَتَّى لاَ يَطْمَعْنَ فِي المُنكَرِ.
10-Les leçons qui peuvent être tirées de ce sermon
Ainsi, les blâmes exposés dans ce sermon ne renvoient pas à quelque chose qui serait substantiel, fondamental à la femme, ni même à l’homme mais à quelque chose qui serait lié à ce monde ici-bas, à leur manifestation ici-bas et à la répartition des tâches attribuées spécifiquement aux deux éléments de la paire (l’homme et la femme), impliquant la complémentarité entre les deux (sous-entendant de fait une relation particulière entre les deux). (Comme la maternité, les enfants, la famille et la sauvegarde intérieure (impliquant aussi des qualités morales spécifiques comme l’affection, la mansuétude, la chasteté, la gestion de la maison) pour la femme.) (Comme la reproduction, la prise en charge des besoins matériels de la famille, la protection extérieure (pouvant aller jusqu’au jihad) pour l’homme.) Ces spécificités auraient des conséquences sur le comportement des uns et des autres (positives ou négatives), sur la réalisation (ou non) des potentialités que Dieu a placées en tout être humain et par la suite des effets sur toute la société.
En regardant les faits, on pourrait dire que, selon l’apparence, les femmes auraient moins profité des facultés logées en elles en tant qu’être humain, auraient moins réalisé leurs potentialités.
Cet état constaté, s’il s’avère vrai, serait lié à quoi ?
aux charges spécifiques qui leur sont attribuées ? (Par exemple, le fait de porter l’enfant pendant 9 mois (la grossesse) et de s’en occuper depuis sa naissance alors qu’il est encore tout faible, favoriserait-il le côté affectif, émotif chez la femme aux dépens d’autres qualités ?)
au milieu ou type de société dans lequel elles vivent ?
aux valeurs transmises (de père en fils, ou de mère en fille) ?
à l’éducation et à l’instruction (le savoir) ?
aux préoccupations (ou orientations) quotidiennes de la vie ?
à l’héritage des parents ?
A/Reprise des trois arguments mis en avant dans ce sermon
%1-Nous avons vu que les périodes menstruelles de la femme peuvent être vécues soit comme des épreuves favorisant la lutte de/contre l’âme (le jihad an-nafs), le contrôle de soi, la patience, le rapprochement de Dieu (la femme qui meurt en accouchant ayant le même rang du martyre que l’homme tombé sur le champ de bataille), soit comme une occasion permettant le relâchement, les excès pouvant favoriser pour certaines l’éloignement des préceptes de la religion, l’oubli de Dieu, le suivi des passions, etc.
%2-Nous avons vu qu’un certain nombre de facteurs entrait en jeu pour avoir un témoignage juste, mettant à l’épreuve aussi bien l’homme que la femme. Le fait de rester à la maison et de s’occuper des enfants (surtout à un bas âge) limiterait-il plus le champ de vision de la femme, sa perception du monde extérieur et sa connaissance de la réalité ? (Tout le monde a pu voir les effets du confinement suite à la pandémie du coronavirus sur le comportement des gens.) Mais cela n’empêche pas la vigilance par rapport au suivi des passions et l’attachement à ce monde. Ces situations seraient des lieux spécifiques de mise à l’épreuve pour la femme comme il y en a d’autres spécifiques pour les hommes. Et les propos des Infaillibles(p) ne manquent pas sur ces points.
A propos des facteurs qui peuvent favoriser ou entraver le perfectionnement de la raison, deux propos rapportés du Prince des croyants attirent l’attention :
1-« La préservation de la raison dans le fait de contrer les passions et de répugner le monde ici-bas. »(1)
2-« Six[éléments]par lesquels les raisons des gens sont mises à l’épreuve : 1-la mansuétude lors de la colère, 2-la patience lors de la peur, 3-la modération lors du désir, 4-la crainte de Dieu en toute circonstance, 5-la bonne‘cajolerie’ (ou ‘amabilité’) [al-mudârât] et 6-le peu de dispute[al-mumârât]. »(2)
%3-Nous avons vu que la question des parts dans l’héritage est liée à la répartition des tâches entre les hommes et les femmes.
En même temps, force est de constater qu’en mettant en avant un tel argument (que la part d’héritage de la fille ou de la sœur est la moitié de celle du fils ou du frère), l’Imam(p) affirme là que la femme hérite – contrairement aux us et coutumes très répandus à cette époque – et qu’elle peut disposer de ses biens comme elle l’entend, en toute indépendance.
Donc d’un côté, il y a là une présentation par l’Imam(p) d’une justification pour blâmer un aspect de la femme – de plus sur une base qui a de quoi nous surprendre en tant que l’argent et les biens avaient peu de valeur aux yeux du Prince des croyants (contrairement à bani Isrâ’îl, comme mentionné dans le v.247/2 al-Baqara) – et de l’autre une affirmation qui est plutôt en faveur de la femme, qui la met plutôt en valeur.
En résumé, on peut dire que les trois arguments présentés par l’Imam ‘Alî(p) ont porté sur des particularités d’actes et de charges relevant de la paire (ou couple) du genre humain formé de deux éléments différenciés (l’homme et la femme) en vue de la reproduction de l’espèce humaine, de son expansion et de son perfectionnement. Ils sont donc des lieux privilégiés de mise à l’épreuve, d’éducation de soi, de complémentarité et de perfectionnement pour les uns et les autres et par suite, via la famille, de toute la société jusqu’à l’apparition de l’Imam du Temps, le Lieu-tenant de Dieu(qa) sur terre.
B/Reprise des trois mises en garde adressées à l’ensemble des gens
De même les trois mises en garde adressées à l’ensemble des gens ne sont pas seulement des blâmes à l’encontre des femmes, comme l’indique l’apparence du sermon, mais aussi à l’encontre des hommes.
%1-La mise en garde contre les mauvaises personnes semble naturelle. Le fait de l’avoir spécifiée aux femmes serait-il parce que dans le cadre de cette organisation par paire, les femmes auraient des effets particuliers sur les hommes, ou, en d’autres termes, les hommes y seraient plus particulièrement sensibles ? La reproduction de l’avis de l’intendant du roi d’Egypte dans le noble Coran à propos des ruses des femmes qualifiées de grandioses (28/12 Yûsuf) irait dans ce sens, alors que les ruses du shaytân sont qualifiées de faibles par Dieu (176/4 an-Nisâ’). Est-ce parce que les femmes détiennent, en tant qu’être humain, des capacités beaucoup plus grandioses que le shaytân ? L’Imam(p) chercherait-il à attirer l’attention et à mettre en garde tout le monde sur ce point ?
%2-Mais pourquoi être sur ses gardes avec les bonnes d’entre elles ? L’Imam(p) cherche-t-il, là aussi, à mettre en évidence des effets possibles de la femme sur l’homme (certes voulus par Dieu à bon escient), dont les femmes doivent prendre garde autant que les hommes (comme dans le verset 32 & 33/33 al-Ahzâb, où il est demandé aux femmes du Prophète(s) de ne pas se montrer complaisantes au niveau de leurs paroles pour que celui qui a une maladie [morale] dans son cœur ne convoite pas [ces femmes ?] et où il est fait allusion à l’ignorance pré-islamique). Est-ce une allusion au « vêtement » (physique et moral) que Dieu a fait descendre sur bani Adam après leur sortie du Paradis terrestre et leur descente sur terre (cf. 26/7 al-A‘râf), que les êtres humains auraient tendance à oublier ?
%3-La dernière mise en garde parle de convoitise de la femme, sans en préciser l’objet sauf qu’il est blâmable. En obéissant aux femmes pour le convenable, les hommes feraient que les femmes se découvriraient un pouvoir sur les hommes qui leur ferait oublier (aux femmes) le convenable, leur ferait convoiter le blâmable et même pousser les hommes à le faire, ces hommes qui à leur tour oublieraient les Ordres de Dieu ?
Ou bien, tout simplement, l’Imam ‘Alî(p) aurait-il profité des circonstances de cette bataille pour mettre en garde contre certains dangers qui peuvent apparaître dans le développement de toute société (dont islamique) ?
En tout cas, ces trois mises en garde mettent en évidence trois éléments majeurs :
1-une relation spécifique entre l’homme et la femme – secret de leur complémentarité, de leur perfectionnement vers la Proximité de Dieu, mais qui peut aussi être source de leurs malheurs.. (qui serait liée au pouvoir de séduction, d’attraction et à l’amour de soi ?) ;
2-des points faibles, blâmables chez les femmes (dans une sorte d’abus de pouvoir possible sur les hommes en usant de leur pouvoir de séduction) dont elles doivent prendre garde et se prémunir pour l’utiliser à bon escient ;
3-des points faibles, blâmables chez les hommes (dans une certaine sensibilité voire une faiblesse aux charmes féminins au point de se laisser entrainer vers l’illicite).
C/En conclusion
a-Ces points soulevés sont en tout cas révélateurs de l’état de la société dans laquelle se trouvait l’Imam ‘Alî(p), plus de 25 ans après la mort du Prophète Mohammed(s), cette société qu’il(p) devait préserver des coups des ennemis de l’Islam, qu’il devait réformer et éduquer et en même temps mettre en garde contre les dangers encourus pour au moins en tirer leçon et les éviter dans l’avenir. En effet :
1)l’Imam(p) se devait de parler selon les raisons des gens à qui il s’adressait ;
2)il(p) devait mettre en garde contre ce problème spécifique(3) qui était apparu lors de cette bataille dans le camp des Musulmans ;
3)il(p) devait intervenir à partir de la mentalité des gens présents (contemporains non pas du Messager de Dieu(s) mais après une période régie par des califes qui n’étaient pas infaillibles, ni les Lieu-tenants authentiques voulus, choisis par Dieu) pour la faire évoluer vers ce à quoi vise l’Islam.
b-Ainsi, il(p) ne parlait pas des femmes de façon absolue, pour toutes les époques, mais celles de son époque, dans l’environnement et le contexte sociaux et politiques de cette époque – marquée par une tendance au retour à la société pré-islamique ignorante (affaiblissement de la foi et de l’obéissance aux préceptes de la Religion, du suivi des règles sociales de cette société pré-islamique ignorante).
c-En même temps, il(p) indiquait les voies du développement et du perfectionnement de la société vers Dieu – combien d’actualité à l’heure actuelle avec l’offensive occidentale avec sa soi-disant égalité des sexes et sa théorie des genres et autres..).
d-Enfin, comme la descente sur terre de l’être humain s’est faite dans la différenciation des deux éléments différents (l’homme et la femme) – marquée par la différenciation de la manifestation de la Beauté divine en l’être humain(4) et de certaines tâches attribuées aux uns et aux autres, avec des caractéristiques physiques différentes pouvant entraîner des différences morales, spirituelles –, le chemin du retour vers Dieu (et donc du perfectionnement de l’humanité) doit s’effectuer à partir de ces différences dans la Voie de Dieu jusqu’à arriver à se dégager des contraintes de ce monde matériel et ténébreux et à s’approcher de la perfection et de la lumière.
Cela passe d’abord par une prise de conscience – le rôle de ses mises en garde – puis par le suivi de la voie tracée par l’Islam et de son programme (la piété, l’éloignement des vanités de ce monde, la lutte contre le suivi des passions et de l’amour pour ce monde (ses illusions de pouvoir, de richesse, de force, de séduction) et de soi), en vue de réaliser pleinement les potentialités dont Dieu a pourvu le genre humain selon les spécificités de ces deux éléments masculin et féminin.
(cf. cet autre propos du (4))
e-Plus une société est mûre, plus il y a de possibilités d’élévation et de félicité pour les hommes et pour les femmes.
Et inversement, plus la société est retardée, plus les possibilités pour les hommes et les femmes sont limitées.
(1)in « Ghurar al-Hikam » No4921, cité par Mîzân al-Hikmat de Mohammed ar-Rayshahrî, vol.6 p136 No13720 –
حِفْظ العقل بمخالفة الهوى والعزوف عن الدنيا
(2)in « Ghurar al-Hikam » No5608, cité par Mîzân al-Hikmat, vol.6 p131 No13660 –
سِتَّة تُخْتبِرُ بها عقول الناس: الحِلْم ُعند الغضب، والصبر عند الرهب، والقَصْد عند الرغب، وتقوى الله في كل حال، وحُسنَ المُداراة، وقِلَّة المُماراة.
(3)dont il est clairement fait allusion dans les versets 32 & 33 de la sourate al-Ahzâb (33) : {Ô femmes du Prophète ! Vous n'êtes comparables à aucune autre femme. Si vous êtes pieuses, ne soyez pas trop complaisantes dans votre langage, afin que celui dont le cœur est malade ne convoite pas et tenez un langage décent.*Restez dans vos maisons et n’exhibez pas vos atours de l’exhibition de la première ignorance.}
يَا نِسَاء النَّبِيِّ لَسْتُنَّ كَأَحَدٍ مِّنَ النِّسَاء إِنِ اتَّقَيْتُنَّ فَلَا تَخْضَعْنَ بِالْقَوْلِ فَيَطْمَعَ الَّذِي فِي قَلْبِهِ مَرَضٌ وَقُلْنَ قَوْلًا مَّعْرُوفًا *وَقَرْنَ فِي بُيُوتِكُنَّ وَلَا تَبَرَّجْنَ تَبَرُّجَ الْجَاهِلِيَّةِ الْأُولَى
(4)cf. Cet autre propos rapporté du Prince des croyants(p) : « Les raisonsdes femmes dans leur beauté et la beauté des hommes dans leurs raisons. » , in « Bihâr al-Anwâr, vol.1 p82 H1 citant sh. as-Sadûq in Amâlî –
عقول النساء في جمالهن، وجمال الرجال في عقولهم
Cf. le commentaire de ce propos par l’Ayatollah Jawad al-Amolî in « Al-Mar’at fî mirât al-Jamâl wa a-Jalâl » pp122-156 repris dans L.S. No25 pp24-25.
www.lumieres-spirituelles.net No119 – Jumâdî I & II 1444 – Décembre-Janvier 2023
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