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2021-12-02 | Readers 1267 | Share with your Twitter followers Share on Facebook | PDF

L’avidité (al-hirs) (الحِرص) blâmable (2-1)


L’avidité (al-hirs(3)

2-Ses marques/signes (1)

Voici l’étude d’une première maladie du cœur liée à l’amour (blâmable) pour les biens/argent : l’avidité (al-hirs). Après avoir vu sa définition, nous allons voir maintenant ses marques/signes.

« L’exposition des états des Prophètes depuis Adam(p) jusqu’à notre noble Prophète(s), tels relatés dans le noble Coran, nous montre que ce vice, l’avidité (al-hirs), se manifestait dans le comportement des peuples tout au long de l’histoire humaine sous différentes formes.

Il ne s’agit pas seulement de

1)l’histoire du Prophète Adam(p) avec l’arbre interdit (cf. 120-121/20 Tâ Hâ) mais aussi de celles

2)-duProphète Shu‘ayb(p) et son peuple (cf. 85/7 al-A‘râf),

3)-duProphète Daoud(p) et les deux Anges (cf. 23-24/38 Sâd),

4)-des Juifs les plus attachés à la vie (cf. 96/2 al-Baqara),

5)-de la création de l’être humain « halû‘ann » (cf. 19-21/70 Ma‘ârij),

6)-des gens qui préfèrent le commerce à la prière (cf. 11/62 al-Jumu‘a),

7)-de ces calomniateurs qui amassent fortune et la comptent (cf. 1-3/104 al-Humaza). »

[Nous allons reprendre un à un ces états, comme l’a exposé sheikh Makârem ash-Shîrâzî.]

1)120-121/20 Tâ Hâ - l’histoire du Prophète Adam(p) avec l’arbre interdit

Le 1er verset rappelle l’histoire d’Adam et de son épouse Hawâ’ avec le shaytân maudit, quand Dieu les installa au Paradis [terrestre] et leur interdit de manger de l’arbre interdit. Il les mit en garde contre les tentatives de séduction et d’insinuation d’Iblis. Mais Iblis réussit à les tromper et Adam accomplit ce qui est appelé « l’abandon de la priorité » et a mangé de l’arbre interdit. Il fut alors chassé du Paradis [terrestre] et plongea dans le tourbillon des malheurs/épreuves et des problèmes dans ce monde durant cette vie. (Cf. les versets 120 & 121/20 Tâ Hâ).

En réalité, Iblis dit à Adam, à propos de l’arbre interdit, que celui qui en mange bénéficie d’une longue vie et est immergé dans les bienfaits et la félicité éternelle.

Qu’est-ce qui a poussé Adam à accepter les insinuations du shaytân, à croire ses propos et à oublier l’Ordre divin et Son Interdiction de manger des fruits de cet arbre interdit ?

N’est-ce pas l’avidité et la convoitise qui l’empêchèrent de voir la réalité des choses ? Nous voyons que c’est l’orgueil qui a poussé Iblis à l’égarement et à la désobéissance aux Ordres de Dieu et nous voyons que c’est l’avidité qui fut la cause de la déviation d’Adam et de sa sortie du Paradis [terrestre].  (…)

Il est vrai que l’interdiction divine adressée à Adam n’était pas une interdiction prohibitive (harâm) mais une sorte d’interdiction conseillée, de recommandation, d’une « priorité » à faire, comme l’interdiction d’un médecin à son malade de manger telle ou telle nourriture qui ne convient pas à sa maladie. En tout cas, on pouvait attendre d’Adam qu’il(p) ne commette pas cet « abandon de la priorité ».

L’avidité et la convoitise ont poussé Adam à cette dangereuse glissade et par suite l’a mis lui et sa descendance (le genre humain) dans la permanence des problèmes et des calamités dans le mouvement de la vie en ce monde.

2)85/7 al-A‘râf - l’histoire du peuple du Prophète Shu‘ayb(p) et ses réactions vis-à-vis de son Prophète(p)

Le 2e verset parle de l’histoire du peuple du Prophète Shu‘ayb(p). Son avidité l’a poussé vers les plaisirs de ce monde et la convoitise de multiplier les biens et les richesses matérielles. C’est l’avidité qui lui a fait tourner le dos à la Vérité, abandonner son Prophète Shu‘ayb(p) et nier les enseignements célestes apportés par celui-ci(p). (Cf. 85/7 al-A‘râf)

Selon ce verset, la déviation du peuple du Prophète Shu‘ayb(p) était d’abord représentée par l’associationnisme et l’adoration des statues/idoles et ensuite par la dépréciation dans la balance, par le fait de manger illégitimement les biens des gens, de tricher et de semer la corruption sur terre.

Ainsi, nous voyons que ces gens étaient avides de ce monde ici-bas au point de dire au Prophète Shu‘ayb(p), comme le rapporte le verset 87 de la sourate Hûd (11) : {Ils dirent « Ô Shu‘ayb ! Est-ce que c’est ta prière qui t’ordonne que nous abandonnions ce qu'adoraient nos ancêtres ou de faire de nos biens ce que nous voulons ? »} (1)

Mais l’usurpation des droits des gens et la tricherie au niveau de la balance, non seulement n’ont pas augmenté leurs richesses et leurs biens, mais comme le noble Coran l’indique, que elles ont entraîné la corruption de la société, provoquant sa dislocation, la perte de confiance des gens, l’annihilation des potentialités, la destruction des biens..

3)23-24/38 Sâd - l’histoire du Prophète Daoud(p) avec les deux Anges

Le 3e verset cité parle du Prophète Daoud(p) et des deux frères se querellant. On voit que celui qui avait déjà 99 brebis convoitait la brebis unique de son frère. (Cf. 23 & 24/38 Sâd).

Le verset 24 (la seconde partie) confirme que le comportement des deux frères n’est pas exclusif à eux deux mais que c’est une situation générale du genre humain, notamment dans une situation d’associés, certains se comportant de façon injuste avec les autres. Et n’échappent à cette situation que ceux qui croient en Dieu et font de bonnes actions.

La dernière partie de ce verset 24 de la sourate Sâd (38) parle de la mise à l’épreuve du Prophète Daoud par Dieu et de sa demande de pardon. Pourquoi ? (…)

L’interprétation la plus connue parmi les Musulmans est que le Prophète Daoud(p) s’est précipité dans son jugement [même s’il était juste] sans avoir entendu au préalable l’autre partie – ce qui aurait été préférable et plus juste –. Dieu l’a mis en garde contre cela, dans le sens de l’« abandon de la priorité » et le Prophète Daoud(p) Lui a demandé pardon.

En tout cas, la leçon de l’exposition de cette histoire est que quand l’avidité et la convoitise prennent le dessus sur une personne, cette dernière agit avec injustice, en opprimant les autres, même avec son propre frère, faible et pauvre, violant ses droits et le privant de son bien.

C’est que l’avidité des choses de ce monde ne connait pas de limites. Elle pousse l’individu à commettre les pires injustices, les pires tyrannies, aux dépens des droits des autres.

4)96/2 al-Baqara - l’histoire de Juifs les plus attachés à la vie

Le 4e verset cité parle du comportement de Juifs attachés à la vie en ce monde (cf. 96/2 al-Baqara). Ils sont avides d’amasser les richesses, de dominer le monde ici-bas, avides de saisir les rênes des choses. Et ce qui est étrange c’est qu’ils sont plus avides que les associationnistes qui ne suivent aucune religion, qui ne croient en aucune législation céleste.

Ceux-là, en vue de rassembler des richesses et de repousser la peur du Châtiment divin (qui les attendait à cause de leur injustice, leur agressivité, la violation des droits des autres et le versement du sang innocent), souhaitaient vivre longtemps. (…)

Pour certains commentateurs du noble Coran, ce verset ne parle pas que des Juifs mais représente une mise en garde pour l’ensemble des gens qui désirent et demandent une vie longue en ce monde en vue de ses plaisirs, contre l’avidité et les suites de l’amour de ce monde pour qu’ils ne soient pas éprouvés comme les Juifs ont été éprouvés dans leur vie en ce monde pour ce qu’ils ont fait.

5)19-21/20 al-Ma‘ârij – à propos de l’être humainn {halû ‘ann}

Le 5e verset parle de la création de l’être humain « halû‘ann » (2) (cf. 19-21/70 al-Ma‘ârij).

Selon « Lisân al-‘Arab », ce mot (halû‘ann) a quatre sens : l’avidité (al-hirs), l’angoisse (al-jaza‘), l’ennui (ad-dajar) et le peu de patience.

Selon « Majma‘ al-Bayân », il a le sens d’ennui (dajûr), de ladrerie (shahîh), d’angoisse (al-jaza‘) et d’une forte avidité (shadîd al-hirs).

En rassemblant ce qui a été présenté, [selon sheikh Shîrâzî] ce mot comprend trois points négatifs du point de vue de la morale : l’avidité (al-hirs), l’angoisse/inquiétude (al-jaza‘) et l’avarice (al-bukhl). (…)

Que veut dire que Dieu a créé l’être humain (halû‘ann) ? Nous répondrons à cette question quand nous aborderons la question de l’origine de cette grave maladie du cœur. »

Al-Akhlâq fî-l-Qurân de sh. Makârem ash-Shîrâzî, vol.2 pp68-74

(1)87/11 Hûd قَالُواْ يَا شُعَيْبُ أَصَلاَتُكَ تَأْمُرُكَ أَن نَّتْرُكَ مَا يَعْبُدُ آبَاؤُنَا أَوْ أَن نَّفْعَلَ فِي أَمْوَالِنَا مَا نَشَاء

(2)Selon « at-Tahqîq » de sh. al-Mustafawî, l’idée fondamentale unique en la matière (ou racine) : le penchant à l’aisance et à la jouissance. Quant aux concepts d’inquiétude, de vitesse, d’avidité, du peu de patience, de tristesse, de lâcheté, ils sont des effets du fondement. (halû‘ann) qualificatif : le fait d’avoir un fort penchant vers l’aisance et la jouissance, au point d’être atteint par l’avarice, la rapidité ou le peu de patience. (cf. Dictionnaire du vocabulaire du noble Coran, p429 aux Ed.BAA.) Il n’est pas juste d’expliquer ce mot, dans le v. 19/70 al-Ma‘ârij, par l’inquiétude, l’avidité, la tristesse.., parce que l’être humain n’a pas été créé selon cela mais avec la disposition à tendre vers les bienfaits et les délices spirituels véritables, éternels. D’ailleurs, on peut noter, que les effets de cet état sont cités dans les versets suivants : l’angoisse, l’inquiétude (v. 20) et l’avarice (v.21). Et selon l’imam al-Khomeynî(qs), la véritable fitra (selon laquelle Dieu a créé l’être humain) de ceux qui se sont laissés être attirés par les jouissances de ce monde est voilée, au point de devenir une seconde nature. (cf. Junûd al-‘aql wa-l-jahal p213).

www.lumieres-spirituelles.net     No113  - Jumâdî 1 & 2 1443 – Décembre-Janvier 2022


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