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2018-07-11 | Readers 3311 | Share with your Twitter followers Share on Facebook | PDF

Sur les traces d’Ahl al-Kahf -2 - en Jordanie


Sur les traces d’Ahl al-Kahf(p)

2-en Jordanie

A la recherche des traces des « Gens de la Caverne » (Ahl al-Kahf), nous avions visité, dans un numéro précédent(1), la grotte d’Ephèse en Turquie. Cette fois-ci, nous allons visiter celle située en Jordanie(2). L’évocation de la construction d’un lieu de prosternation au-dessus de la caverne dans le noble Coran ({Ceux qui l'emportèrent sur eux dirent : ‘Nous ferons sûrement sur eux un lieu de prosternation’}(21/18 al-Kahf) ) nous permet de dire que Dieu a voulu que les maisons et lieux où vécurent les prophètes et les saints hommes soient édifiés et pérennisés à travers les siècles, afin qu'ils soient un rappel et un guide pour la bonne voie.

Nous voici donc cette fois-ci en Jordanie, dans la caverne appelée « rajîb »(3), située à 8 km de la capitale (maintenant dans un quartier au sud-est de ‘Ammân), proche du village appelé Rajîb. En effet, la tradition musulmane, même si elle n’ignore pas la caverne des « Sept dormants » en Asie Mineure, préfère localiser la caverne des ‘Gens d’al-Kahf’ dans les parages de ‘Ammân, la Philadelphia des Sélucides. Et « Raqîm »(2), petite ville actuellement en ruine, pourrait être le bourg évoqué dans le Coran.

La grotte est une excavation dans une roche située sur le versant sud d’une montagne. Ces deux extrémités sont dégagées permettant aux rayons de soleil de les atteindre.

En avant, une espèce de cour entaillée dans le roc précède la façade du tombeau, décorée avec des colonnes et des niches de style hellénistico-oriental. La porte monumentale du sépulcre fait face au sud. Il existe aussi une autre porte, étroite et difficile d’accès.

Selon des témoignages remontant à la fin du 19e siècle, le sépulcre proprement dit consiste en quatre pièces excavées dans le roc.

On peut y voir une petite banquette en pierre d’environ 3m sur 2,5m avec un plafond d’environ 3m sur 3m et plusieurs monuments sépulcraux diversement ornementés, distribués par groupes de trois dans les deux pièces de droite et de gauche.

 La pièce du fond offre une particularité : une petite ouverture carrée qui communique avec un puits vertical, également carré, montant vers la surface du sol, semblable à une cheminée.

Lors des fouilles du site, une tombe a été révélée à côté de l’entrée, contenant le crâne d’un chien. Sans doute celui de ce fameux chien censé protéger les dormeurs.

Sur certains murs, on peut trouver des peintures et des écritures en grec ancien et autre, malheureusement effacées et illisibles. Il y a également une image d’un chien teinté de rouge, ainsi que d’autres décorations et ornementations.

Au-dessus du sépulcre souterrain, se trouvent une plateforme supportant les arasements (ou assises) d’un édifice carré (10m30 sur 10m20) avec sa porte à l’Est, et des vestiges d’une chapelle (ou ermitage à l’origine) transformée en une mosquée avec l’arrivée des Musulmans, comme en témoigne la présence d’une niche pour la prière, d’un lieu pour l’appel à la prière et d’un autre pour les ablutions. Des pièces de monnaie trouvées en cet endroit, ainsi que d’autres vestiges découverts, indiquent que cet édifice aurait été construit vers la fin du 5e siècle.

Et sur la place, en face de la porte de la caverne, on peut trouver des traces d’une autre mosquée que les Musulmans auraient construite sur les décombres d’une église byzantine.

Ces caractéristiques correspondaient mieux aux particularités citées dans le noble Coran selon s. TabâTabâ’i, que nous avons évoquées dans le No84 de la revue Lumières Spirituelles.

Cette caverne, malgré l’intérêt porté par les gens de la région, avait été abandonnée, oubliée, et avec le temps, était devenue une ruine aux décombres délabrées, jusqu’au moment où le département d’Archéologie jordanien y entama, en l’an 1963, des travaux d’excavation et de fouilles, la remettant en évidence. Plusieurs signes confirment que cette caverne serait bien celle des Gens de la caverne évoqués dans le noble Coran. C’est ce que confirme M. Rafîq Wafâ ad-Dajânî, dans son ouvrage publié l’année suivante « La découverte de la caverne des Gens de la caverne », relatant les résultats de ces travaux.

(1)Cf. L.S. No84 - (2)Cf. Tafsîr al-Mîzân de sayyed TabâTabâ'i, vol.13 pp241-243  -  (3)Sans doute une déformation du mot « raqîm » qui est un des noms donnés aux gens de la caverne dans le noble Coran : {Considères-tu que les gens de la caverne et de l’inscription (raqîm) étaient de Nos Signes étonnants.}(9/18) le mot "raqîm" (dans le sens de "inscrit" "numéroté") pouvant indiquer que leurs noms étaient inscrits sur une tablette de plomb ou de pierre ou à l'entrée de la grotte.

www.lumieres-spirituelles.net N°92 - Dhû al-Qa‘deh & al-Hujjah 1439 - Juillet.Août.Sept 2018

Qui sont les gens de la caverne ?(2)

†Dans le No84 de la revue, nous avons vu que le récit coranique correspond sur beaucoup de points au récit chrétien des « Sept Dormants », avec cependant des différences notoires.(1)

†Dans le noble Coran, ne sont pas précisés le lieu de la caverne, ni le nombre exact des Gens de la caverne. Ils sont sujets à controverses et Dieu ne donne pas de réponse. Il est dit {Mon Seigneur connaît mieux leur nombre.}(22/18)

†Il en est de même en ce qui concerne la durée exacte de leur endormissement, quoique le noble Coran évoque trois cents ans plus neuf (solaires ou lunaires). Parole divine ou suppositions ? Parce que tout de suite après, vient cette formule de prudence : {Votre Seigneur sait mieux combien [de temps]vous y avez demeuré}(19/18) et {Dieu sait mieux combien de temps ils ont demeuré}(26/18). (En effet, la durée de leur endormissement évoqué dans le noble Coran soulève le problème de la datation des évènements. Selon les références chrétiennes, ils n’auraient dormi que 200 ans.)

†Pourquoi cette imprécision volontaire ? Une façon de nous mettre en garde contre le fait de poser des questions portant sur des détails qui pourraient nous détourner de la question fondamentale ? Car en quoi ces informations appartiennent- elles au monde du caché (ghayb) ?

†Dans le noble Coran, un chien (du nom de Qitmîr) est également évoqué, qui restera avec les dormants et subira le même sort qu’eux.

Quelle est la principale leçon tirée de l’histoire des ‘Gens de la Caverne’ ?

†Le retour à la vie sur terre, après leur longue disparition (ou endormissement), soulève la question de de la résurrection, de sa possibilité, que beaucoup de gens de cette nouvelle époque niaient.

Sans doute est-ce cela l’objectif de leur histoire : {Et c'est ainsi que Nous les mîmes à découvert, afin qu'ils [les gens de la cité] sachent que la Promesse de Dieu est Vérité et qu'il n'y a point de doute au sujet de l'Heure, quand ils se disputèrent à leur sujet.}(21/18 al-Kahf) : celui de prouver la possibilité de la résurrection et même de donner des indications sur son comment.

†Après leur résurrection sur terre et leur apparition aux gens, les Gens de la caverne retournèrent à leur caverne. S’y endormirent-ils à nouveau encore ou y moururent-ils ? Le Coran ne l’indique pas. Et nulle part, est indiquée une grotte où auraient été trouvés des gens endormis. Certains savants affirment, à partir de leur interprétation des textes sacrés, qu’ils sortiront de leur grotte quand l’Imam al-Mahdî(qa) apparaîtra.

†D’autres lieux sont évoqués pour la caverne des Gens de la caverne : en Syrie (près de Damas), en Palestine (actuellement en Jordanie, à Petra), au Yémen (dans le djebel Saber près de Tâez ou dans le djebel Sinam près de Yâfi’)..etc.

†Certains expliquent cette diversité des lieux par le fait que, dans les premiers temps qui suivirent la révélation du Prophète ‘Issa(p), ceux qui adhérèrent à ses enseignements furent persécutés au point de devoir s'enfuir dans les montagnes, situées en différents lieux,  pour préserver leur foi et échapper à leurs persécuteurs.

†En même temps, la multiplication des sanctuaires étant dédiés aux ‘Gens de la Caverne’ en Orient et en Occident (des premiers siècles de l’ère chrétienne au 18e siècle) souligne l’importance de cette tradition, quelque peu oubliée par l’Occident moderne – même si évoquée en certains endroits comme en Bretagne (cf. LS No21 Le Pardon des 7 dormants) – mais néanmoins très présente dans la conscience religieuse de nombreux pays musulmans jusqu’à nos jours.

(1)Cf. Tafsîr al-Mîzân de sayyed TabâTabâ'i, vol.13 pp241-243  – L.S. No84 p27.

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