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2015-02-04 | Readers 1779 | Share with your Twitter followers Share on Facebook | PDF

La renonciation du Pape


La renonciation du Pape

Le pape Benoît XVI annonça, le lundi 11 février 2013, sa renonciation à sa charge pontificale, prenant tout le monde de court et créant une situation inédite dans l’Eglise catholique. « Dans le monde d’aujourd’hui, sujet à de rapides changements et agité par des questions de grande importance pour la vie de la foi, pour gouverner la barque de saint Pierre et annoncer l’Evangile, la vigueur du corps et de l’esprit est nécessaire, vigueur qui, ces derniers mois, s’est amoindrie en moi d’une telle manière que je dois reconnaître mon incapacité à bien administrer le ministère qui m’a été confié. (…) Je déclare renoncer au ministère d’Evêque de Rome, Successeur de saint Pierre, qui m’a été confié par les mains des cardinaux le 19 avril 2005, de telle sorte que, à partir du 28 février 2013 à vingt heures, le Siège de Rome, le Siège de saint Pierre, sera vacant. »* Les réactions qu’a provoquées cette annonce, notamment dans les milieux chrétiens croyants, nous ont amenés à parler de cet évènement unique, aux dimensions politiques et religieuses sans précédent.

˜Les commentaires officiels, politiques ou religieux, se veulent normalisateurs, comme si après le Dalaï Lama (en 2011), il était normal que le pape présente sa démission avec son grand âge. On salue, par tout le monde, l’humilité, l’humanité, le courage, la lucidité, le réalisme, la grandeur, la liberté, l’abnégation de Benoît XVI.

Mais sa renonciation n’est pas aussi unanimement appréciée comme on veut nous le faire croire.

˜La présence des centaines de milliers de personnes sur la place St Pierre révèlent l’émotion et surtout les interrogations de beaucoup de chrétiens. Nombre de religieux, d’évêques, de cardinaux restent sous le choc de cette décision, parfois troublés, gênés. Des voix se laissent entendre : c’est « une décision inattendue », un « coup de tonnerre dans un ciel serein », « un choc immense, inouï, pour les catholiques bien sûr mais aussi pour le monde entier »..

˜C’est « un peu l’image de la papauté qui s’écroule. » « Le pape a brisé un tabou..» Il a « désacralisé une fonction ». « Après avoir fait du pape le successeur de Pierre, les catholiques l’ont transformé, au fil du temps, en Vicaire du Christ, c’est-à-dire son représentant sur terre, son « incarnation » visible. C’est pourquoi les papes sont élus à vie. On n’endosse pas temporairement la nature christique ..Un pape ne démissionne pas. Le Christ ne démissionne pas, il meurt. (…) « On ne descend pas de la croix »,avait dit Jean-Paul II, malade, à ceux qui lui  suggéraient de démissionner. Il n’y a de rédemption que par la souffrance. Et Benoit XVI démissionne ! Il demande à mourir comme un homme ordinaire ! Il prive ainsi les catholiques de la mort sacrificielle et publique du Christ « réincarné » en sa personne. »

˜ « En quelques mots, il tire un trait sur une tradition séculaire que l’on croyait immuable : l’abolition de la papauté à vie et avec elle l’infaillibilité liée à la charge. »

˜Aussi, certains craignent-ils que ce geste « va affaiblir les pontificats à venir. Les prochains papes devront-ils renoncer dès la première difficulté, le premier scandale, la première faiblesse physique ? »

˜ « Si on introduit un critère d’efficacité, c’est un critère tout à fait valable dans le gouvernement des choses temporelles mais l’exercice du pontife c’est autre chose. C’est d’être un témoin, à tous les âges, quand on est en bon état et quand on est fatigué ».

˜ « En s’en allant, le pape lâche une bombe (…) la bombe du pouvoir, un sujet jusqu’ici complètement tabou ». « Il prouve à tous les railleurs que l’épicentre de l’Eglise catholique renferme aussi une spiritualité sincère, plus forte que l’enivrant parfum du pouvoir ». »

˜Puis, il y a ceux qui évoquent la « prophétie de Saint-Malachie » (datant du XIIe siècle) qui annonce la fin du monde et.. celle des papes, le successeur de Benoît XVI devant être le dernier. Après ?.. « La cité aux sept collines [Rome] sera détruite, et le Juge redoutable jugera son peuple.. » La foudre frappant la basilique St Pierre, le soir même de l’annonce, est interprétée comme un signe.

 

Pourquoi ?

Il y a la raison donnée par le pape lui-même (voir plus haut). C'est au retour de son voyage au Mexique et à Cuba (23-29 mars 2012) (où il avait mis au pas le clergé sud-américain) que Benoît XVI, littéralement épuisé, aurait pris sa décision. (Certains la remontent même à 2009, lors de son recueillement sur la tombe de Célestin V.) Après, il se rendit au Liban en septembre, optant finalement pour l’ouverture aux communautés musulmanes de la région, après avoir réglé le contentieux de l’Eglise avec les Juifs ; il mit fin à l’affaire Vatileaks (avec le procès, puis la grâce accordée à Paolo Gabriele le 22 décembre 2O12) ; il lança l’Année de la foi (un appel au retour à « la tradition, à l’enseignement de l’Eglise.. et à la prière ») ; il convoqua le synode sur la nouvelle évangélisation en octobre ; il publia son dernier tome sur Jésus.

Homme de doctrine et de réflexion, il ne pouvait pas ignorer que son départ allait provoquer un choc.

Lors de son dernier Angelus le 24.2.13, il déclara : « Le Seigneur me demande de monter sur la montagne (allusion au passage de la Transfiguration dans l’Evangile où le Christ monte avec ses disciples sur le mont Thabor) et de me dédier encore plus à la prière et à la méditation (…) pour continuer à servir l’Eglise avec la même intensité et le même amour, comme j’ai cherché à le faire jusque-là, mais selon une modalité plus adaptée à mon âge et à mes forces

Mais les questions subsistent. Les Chrétiens veulent comprendre. «Qu’y a-t-il derrière le départ de Benoit XVI ? Y a-t-il d’autres raisons que celle évoquée par lui pour l’expliquer ?»

*Le pape se sentit-il « impuissant », « dépressif » face aux scandales révélés durant sa papauté  (homosexualité (la presse parlant même d’un «lobby gays»), pédophilie, vatileaks, blocage financier..) ?

*Aurait-il « douté sur Dieu » ? L’art.86 de la constitution apostolique Universi dominici gregis ne dit-il pas : « Je prie celui qui sera élu de ne pas se dérober à la charge à laquelle il est appelé, par crainte de son poids, mais de se soumettre humblement au dessein de la Volonté divine. Car Dieu qui lui impose la charge le soutient par sa main, pour que l’élu ne soit pas incapable de la porter ; Dieu qui donne cette lourde charge est aussi Celui qui l’aide à l’accomplir, et Celui qui confère la dignité, donne la force, afin que l’élu ne succombe pas sous le poids de la mission. » ?

*D’autres suggèrent des « pressions extérieures », voire un « complot contre l’Eglise », dénonçant des « campagnes ciblées de discrédit contre l’Eglise catholique en Amérique du nord », « un travail de sape méthodique de tout ce que l’Eglise est et représente, démolissant ainsi tous ses symboles et valeurs, un par un..» ?

« Une Eglise attaquée de toutes parts : par la laïcité qui réduit la religion a une histoire intérieure de cœur, par des affaires de mœurs (dont certaines remontent à plus de trente ans) et par des scandales financiers (compte fermé, carte de crédit interdite, un banquier allemand (aussi administrateur d’un chantier naval produisant des navires de guerre) imposé à la tête de la banque du Vatican).. »

« Les intégristes et les luthériens » sont pointés du doigt, taxés de « totalitarisme », bénéficiant de « complicités catholiques.» Benoît XVI ne parlait-il pas de « mauvais poissons pêchés dans le filet de l’Eglise » ?

*Enfin, il y a ceux qui décèlent derrière cette décision « une profonde inquiétude pour l’Eglise ». Revenant à ses textes et à ses dernières déclarations, ils y recherchent son « testament spirituel ».

L’ex-pape serait-il arrivé à cette conviction que, face à une société occidentale « en pleine décomposition », l’Eglise ne pourra assumer son rôle qu’en renonçant à être une « puissance idéologique sous-tendant les comportements sociaux », et en devenant une « minorité créative » où des gens convaincus et croyants agiront selon leur foi et qui lui permettra de « garder sa fonction prophétique » ?

Constatant d’échec du Concile de Vatican II (1960-1965)** qu’il impute aux médias (Ce « concile des  journalistes » qui a réduit le Concile Vatican II à une dispute de pouvoir entre différents courants dans l’Eglise et conduit à une situation créant « tant de calamités, tant de misères ») chercherait-il, par sa renonciation, à réveiller les gens sur la nécessité du retour à la liturgie et à la prière, et à sauver la substance spirituelle de l’Eglise qu’elle serait en train de perdre ? « Il s’est effacé pour nous centrer sur le Christ ».. sur le Prophète Jésus(p) ou sur le dogme de «l’incarnation de Dieu» sur terre ?

En tout cas, la situation – nouvelle pour l’Eglise catholique – d’un pape qui renonce à son ministère, pose autant de questions qu’elle annonce de changements, dans l’Eglise et dans son rapport au monde.

L’Eglise catholique n’a plus, en Europe, l’influence dont elle jouissait avant. De plus, la crise de la pédophilie lui a fait perdre un important crédit. Régressant en Occident, mais se développant dans la partie sud et émergente du monde, l’Eglise catholique se trouve confrontée à trois défis principaux : une apostasie majeure dans les pays européens (avec une pression jusque là inédite des valeurs libérales en matière de mœurs et d’économie et une baisse constante des vocations sacerdotales) et à la concurrence de l’Islam et des Protestants évangéliques (pentecôtistes).

Célestin V le seul pape à avoir volontairement renoncé, en 1294

Les cardinaux n’arrivant pas à se mettre d’accord, il fut cherché dans son ermitage, à l’âge de 79 ans. Mais, conscient de son incapacité à assumer sa charge, ne pouvant résister aux pressions des Anjou régnant à Naples, il se laissa convaincre d’y renoncer, sept mois après, par celui qui allait devenir son successeur, Boniface VIII. Ce dernier fit inscrire le droit à la renonciation sous la forme de la décrétale Quoniam, pour mettre fin à la remise en cause de sa légitimité. (L’autre pape parfois évoqué, Grégoire XII, démissionna en 1415 pour mettre fin au Grand Schisme d’Occident, la chrétienté étant déchirée entre trois papes, à Rome, Avignon et Pise.)

*extraits de ses propos, retranscrits et traduits par Radio Vatican.

**où il avait joué un rôle actif et qu’il s’était évertué d’appliquer en tant que responsable de la Doctrine de la Foi sous Jean Paul II, puis comme pape.

www.lumieres-spirituelles.net     No48 – Jamâdî’ I 1434 – Mars-Avril 2013


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