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2015-02-04 | Readers 2236 | Share with your Twitter followers Share on Facebook | PDF

La France en guerre au Mali.. pour quoi, pour qui, dans quelles perspectives ?


La Franceen guerreau Mali..

pour quoi, pour qui, dans quelles perspectives ?

La nuit du vendredi 11 Janvier 2013, l’aviation française bombarda au Mali, à la demande de son président par intérim Dioncounda Traoré, pour « repousser une offensive de forces islamiques (Ansar ed-Din et AQMI) sur Sévaré et Konna », verrous entre le nord et le sud malien et « éviter la déroute à l’armée malienne », ce qui aurait porté « un coup à l’existence même du Mali ». Le but déclaré de l’opération « Serval » fut d’abord de stopper la percée des « terroristes » par une couverture aérienne, puis celui de reconquérir tout le territoire malien (avec l’élimination des chefs, la destruction des camps d’entraînement, des centres de commandement et de munitions, jusque dans leurs zones de repli dans les régions désertiques) par l’envoi de troupes sur place dès le 16/1/13, et pousser au dialogue : conciliation entre entité régionale touareg et renforcement de l’autorité du président malien (en présence de Casques bleus?). Après 3 semaines de combat, cette opération aura coûté 70 millions d’euros, selon le ministre de la défense, J.Y. Le Drian, avec 4 600 soldats français mobilisés dont 4 000 sur le sol malien, suppléés de 2000 soldats tchadiens. Selon un sondage BVA pour Le Parisien, 3/4 des Français seraient favorables à cette intervention militaire.

Les évènements de l’année 2012

Qu’est-ce qui a poussé François Hollande à dénier ses engagements électoraux de ne mener aucune action  militaire en Afrique et à entrainer la France dans une seconde guerre africaine en moins de deux ans, contre des « Islamistes » présentés cette fois-ci, non pas comme des « combattants » comme en Syrie, mais comme des « terroristes » ou des « trafiquants de drogue » mettant « en danger la civilisation » ? Voici un rappel des évènements précédents :

—une rébellion Touareg déclenchée au nord par le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA, créé et soutenu par la France selon certains) pour son indépendance, suivie par

—un coup d’Etat le 22 mars, mené par un officier malien formé par les Etats Unis, Sanogo, renversant le président Amadou Toumani Touré («ATT») corrompu, devenu impopulaire, qui sera remplacé par le président par intérim Dioncounda Traoré.. puis par

—la conquête et le contrôle total à partir de la fin juin, de la moitié nord du Mali (région en majorité désertique, grande comme la France et la Belgique réunies), par des groupes armés se revendiquant d’un Islam rigoriste, évinçant par la même occasion leurs ex-alliés du MNLA. Les principaux groupes sont l’AQMI, (branche maghrébine de la Qaïda, aux origines algériennes, renflouée par quelque 1500 à 3000 combattants revenus de Libye avec des stocks d’armes libyens), l’ANSAR ed-DIN (une dissidence du MNLA, dirigée par Iyad ag-Ghaly) et le MUJAO (Le Mouvement unicité et djihad en Afrique de l’Ouest, une dissidence d’AQMI, composé surtout de Maliens et de Mauritaniens). Ils auraient profité des activités militaires françaises et mauritaniennes depuis 2010 au nord du Mali pour justifier leur implantation. Par qui sont-ils payés, soutenus et couverts ?

Pourquoi l’intervention française au Mali ?

1-La première idée qui vient à l’esprit : la France veut sauvegarder ses intérêts au Mali. Or curieusement, elle est peu impliquée dans le pillage de l’or (la principale source de richesses du Mali), si ce n’est pour son extraction par une boîte de sous-traitance, Somadex, rattachée à Bouygues.

Par contre, elle est engagée dans des découvertes prometteuses de pétrole, de gaz et d’uranium. La France chercherait-elle en même temps à faire pression sur l’Algérie (seul pays capable d’exploiter ces nouvelles ressources de pétrole proches de ses frontières) ?

2-En fait, l’urgence première de la France est la sécurisation de l’approvisionnement de ses centrales nucléaires en uranium qui se trouve au Niger non loin de là. Ce dernier fournit 33 % de l’uranium utilisé et demain plus avec l’ouverture d’une 3e mine à Imouraren, en 2015. L’arrêt des mines du Niger serait une catastrophe pour la France (et le groupe Areva).

3-Enfin, la France chercherait-elle aussi à préserver ses intérêts dans la région du Sahel, le Mali étant au cœur de son ancien empire colonial ? D’où sa volonté d’avoir une base militaire dans le pays et un poste d’observation sur la base aéroportuaire de Tassalit (près de Kidal) pour contrôler toute la région du Sahel, la Méditerranée, la mer Rouge ?

En regardant les évènements de plus près, des questions subsistent.

—Pourquoi le Mali qui fait partie des «pays du Champ» (avec la Mauritanie, le Niger et l’Algérie), n’a pas cherché à coordonner une action contre ces « groupes terroristes » dans le Sahel au lieu de laisser le terrain à l’armée française ?

—Pourquoi la CEDEAO, (Communauté des États d’Afrique de l’Ouest), la France, les États-Unis, l’Union européenne, si empressés à exiger des putschistes le retour à la légalité républicaine, n’ont pas exigé de ces groupes armés de cesser leurs attaques contre l’État et la population malienne ?

—Par ailleurs, ne fallait pas s’attendre à la déstabilisation de la région, après la liquidation de la Libye de Kadhafî ? Pourquoi avoir laissé ces groupes armés s’y implanter et s’y développer ?

—Pourquoi avoir créé de fortes tensions dans la région entre les différentes ethnies (Touareg, Arabes et noires), les représailles faisant suite aux attaques, puis demander le dialogue entre les parties?

—Pourquoi avoir cherché à déstabiliser le pays et à affaiblir l’Etat malien pour ensuite prétendre vouloir le restaurer ?

ÆStratagème diabolique de la France pour reprendre le contrôle de la région ?

ÆScénario prélude à l’occupation militaire des grandes puissances, avec la bénédiction des autorités et la population locales ainsi que de l’opinion internationale, dans le cadre de leur course effrénée pour le contrôle des ressources énergétiques et l’appropriation des nouveaux gisements avant l’Inde et la Chine ? Le Mali est resté un partenaire clé pour Moscou dans le continent africain. Et jusqu’à maintenant les Etats-Unis n’ont pas réussi à  installer une base militaire au Mali (refus africain de l’AfriCom). Prenant prétexte de la prise d’otages en Algérie, ils envisagent déjà de placer des drones au Niger.

ÆCette région est-elle en train de devenir le théâtre de luttes d’influence entre les puissances économiques mondiales. Une grande « partie d’échecs » sahélienne est-elle en train de commencer au Mali en tant qu’Etat situé au cœur de ces enjeux énergétiques mondiaux, sur un « espace charnière pour le transport du pétrole et du gaz », à l’intersection des intérêts géopolitiques et économiques mondiaux en Afrique ?

ÆL’intervention française au Mali est au profit de qui ? se situe dans quelles perspectives ? en prélude à une nouvelle guerre mondiale entre les grandes puissances par pays interposés ?

—Reste une dernière question. Pourquoi  ces groupes armés instrumentalisés ont cette couleur d’«Islam rigoriste» dans ces régions musulmanes qui n’ont pas de telles pratiques ? Est-ce en vue de :

-les rendre plus malléables, plus aptes à les prendre comme bouc émissaire pour rallier la population locale ?

-acquérir une légitimité internationale ?

-dénaturer la religion islamique en l’associant au « terrorisme » et au « banditisme » ?

-diviser les Musulmans et les opposer les uns aux autres ?

-empêcher toute résistance islamique organisée face au pillage de leur pays, à l’instar de l’Iran et de la résistance islamique au Liban?

-empêcher tout élan de solidarité en sa faveur et de l’Islam en général ?

En tout cas, il est certain que l’on assiste au Mali à :

« un nouveau projet occidental visant à imposer le contrôle des grandes puissances sur la vie et les ressources de ces pays»,

que « les récentes interventions des Occidentaux en Afrique ont pour objectif de dominer les peuples africains et sont le résultat des différends entre les Musulmans. Toute divergence entre les peuples musulmans ou à l’intérieur de tout pays islamique, équivaut sans aucun doute, à faire le jeu de l’ennemi qui lui, planifie.» (L’imam Alî Khâmine’î 29/1/13)

 

Fiche sur le Mali

-1 241 238 km2 (~ 2fois et demi la France)

-~15M ha ; Islam (90 %) ;

-Plusieurs ethnies dont Touareg, (nomades se déplaçant de la Libye vers la Mauritanie, via l’Algérie, le Mali, le Niger et le Burkina Faso, incorporés au Mali par l’occupant français.

- XIIIe -XIVe siècle : 1er empire Malien par Soundiata Keita

-1883 : Occupation du Mali par la France (le Soudan français)

-22/9/1960 : Indépendance et instauration de la République du Mali avec Modibo Keïta ; rapprochement avec l’URSS; solidarité avec le FLN algérien et la cause palestinienne, contre l’entité sioniste

-1968 : coup d’Etat organisé par la France ; dictature de 23 ans de Moussa Traoré

-26/3/1991 : coup d’Etat par Amadou Toumani Touré (ATT) qui, récupérant le mouvement populaire, applique une politique néolibérale et installe une élite corrompue, bradant le pays aux multinationales étrangères (avec la complicité du FMI) et favorisant contrebande et trafic de drogue au nord du Mali. Conséquences : partage du pays entre les multinationales, spoliation des paysans, affaiblissement de l’Etat, endettement, assistanat, malgré les énormes richesses. Il sera aussi renversé le 22 mars 2013.

-Ses principales ressources :

-le coton (produit à perte depuis la chute du marché en 2005), et de façon moindre mangues, arachide, riz ; bétail (ovin, bovin) + eau souterraine + terres cultivables le long du fleuve Niger.

-OR (75% des recettes des exportations du Mali)  + des métaux précieux (fer, cuivre, du nickel, du marbre, gypse, plomb, platinoïdes, argent, lithium, bauxite, phosphates, manganèse).

-découvertes de pétrole au nord (bassin de Taoudeni où se trouve l’AQMI), de gaz (de l’hydrogène à l’état pur) au sud (Bourakèbougou à 60 km de Bamako) et d’uranium.

www.lumieres-spirituelles.net     No47 – Rabî‘ II 1434 – Fév.-Mars 2013

 


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