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2015-02-04 | Readers 2602 | Share with your Twitter followers Share on Facebook | PDF

Shankara (788-820)


Shankara

(788-820)

Shankara(dont le nom signifie « celui qui crée la félicité », un des épithètes de la divinité Shiva), est considéré comme l'un des plus grands maîtres spirituels de l’hindouisme. Il fut un philosophe, un réformateur et un commentateur le plus connu des textes liés au Vedanta  et des Upanishad principales. Il entreprit, sans quitter une vie d'ascète, de « réformer » l'hindouisme, c'est-à-dire de le ramener à la source de la tradition philosophique et spirituelle hindoue.

Shankara naquit dans le petit village de Kaladî, dans le Kerala, au sud de l'Inde. On raconte que la divinité « Shiva » apparut à ses parents, leur laissant le choix entre une progéniture nombreuse mais peu brillante, et un seul enfant dont la vie serait courte mais admirable. Le couple ayant opté pour la seconde proposition, c'est Śhankara qui vint au monde. Il fut présenté comme un « avatar » de Shiva (une incarnation de la divinité selon les croyances hindoues). Tôt, il fut initié au brahmanisme, étudia les textes révélés (« shruti ») et les philosophies traditionelles (« smriti »). On lui attribua de nombreux miracles effectués dès cette époque. Naturellement poussé vers l'ascétisme, Śhankara renonça à toute vie familiale lorsqu'un crocodile manqua de lui arracher la jambe. Il interpréta cela comme un signe de la brièveté de sa vie et il décida de se consacrer à la recherche de la Vérité.

Shankara se mit alors à la recherche d'un guide spirituel (« guru ») apte à le guider dans cette recherche. Il partit pour le centre de l'Inde au bord de la rivière Narmada, où il rencontra un disciple du grand Gaudapâda, auteur d'un commentaire fameux de la Mandukya Upanishad, les Mandukya Karikas. Ce disciple, nommé Govinda, l'initia à l'ordre le plus ascétique qui puisse se trouver alors en Inde. Dès lors, Śhankara voyagea à travers le pays, composant des commentaires des textes sacrés de l'hindouisme.

Lors de ses rencontres avec de nombreuses autorités de différentes écoles, Śhankara se révéla être un excellent orateur capable de contrer les spéculateurs hétérodoxes et tout contradicteur en général. Il eut de nombreux disciples et sa philosophie védantique influença les plus grands sages hindous.

A l’âge de 32 ans, Shankara mourut à Kedarnâth dans l’Himalaya vers 820.

La doctrine enseignée par Shankara fut connue sous l'expression de « non-dualité », c'est-à-dire la considération de la divinité dans sa totalité, au-delà de toute dualité, y compris entre Être et Non-Être. Le principe en est que « Brahman », la cause première, est au-delà de toute détermination, même de l'unité qui est la première d'entre elles. Cela ne l’empêcha pas de vouer un culte à cinq divinités (Shiva, Vishnu, Shakti, Ganesha et Sûrya) en tant qu’elles sont des aspects du « saguna brahman », le Divin personnel ou doué de qualités, par opposition au « nirguna brahman », le Divin sans attribut, impersonnel de la philosophie.

Il préconisait la « reconnaissance du Soi » en le distinguant du « non-soi » et cela en s’affranchissant des cinq gaines du « Soi », causées par le pouvoir de l’ignorance (le corps (nourriture), le souffle vital avec les cinq organes (vocaux, mains, pieds, anus, génitaux), le corps mental avec les facultés de perception, l’intellect, le corps de béatitude), par les Védas, la raison, les paroles du « Guru » (guide spirituel) et l'expérience intérieure (méditation). Il résuma sa vision en trois points principaux :

1) Premièrement, en moi [se trouve] le « Brahman » immuable ; tout ce qui semble différent est absolument sans réalité. Seul je suis. Cela s'appelle le point de vue de l'« élimination ».

2) Deuxièmement, le rêve et tout ce qui apparaît en moi comme résultat de la magie n’est qu’illusion. Seul je suis la Vérité. Cela s'appelle le point de vue de l'« illusion ».

3) Troisièmement, tout ce qui semble séparé de moi est moi-même. Cela s'appelle le point de vue de la « résolution de l'effet dans la cause ». Le monde entier et tous les individus sont réellement Brahman, et la « demeurance » en ce Brahman indivisible est en soi-même la Délivrance.

 

Il réforma aussi les rituels hindous en remplaçant les offrandes de boissons alcoolisées, de viande et de poisson par des offrandes de riz, de fleurs et de laitages, le sang humain ou animal utilisé pour barbouiller les idoles par le sacrifice « intérieur » (la lutte en « Soi »). Enfin, il fonda quatre monastères aux quatre points cardinaux de l'Inde  pour maintenir la tradition védique.

www.lumieres-spirituelles.net     No40 – Ramadan 1433 – Juillet-Août 2012 


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