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2015-02-04 | Readers 4124 | Share with your Twitter followers Share on Facebook | PDF

Guillermo Arévalo Valera le « Chaman Shipibo »


Guillermo Arévalo Valera  le « Chaman Shipibo »

Guillermo Arévalo Valera est un « chaman guérisseur » Shipibo, descendant d’une longue tradition de « guérisseurs » du peuple indigène Shipibo-Conibo de l’Amazonie péruvienne, aussi connu sous le nom de « Kestenbetsa » (« écho de l’univers »). Il enseigne une certaine approche du rapport avec la nature, les esprits et les ancêtres.

Comme tout chamane, Guillermo commença par faire une retraite d’un an en forêt, dans l’isolement total, avec une ascèse alimentaire et sexuelle stricte, sous sa seule supervision, dans l’objectif de purifier ses désirs, ses pensées et ses émotions afin d’atteindre une réceptivité totale et pénétrer dans le monde surnaturel. Les « esprits » lui devinrent alors visibles, les bons comme les mauvais, tous voulant lui apprendre des choses. Il se mit à communiquer avec eux. Les animaux et les plantes lui parlaient et il les comprenait. Les plantes botaniques (non hallucinogènes) qu’il avait ingurgitées, délivraient leurs enseignements. Il découvrit leurs secrets, leurs facultés médicinales, curatives. A la fin de cette retraite, il retourna vivre chez les hommes et commença son labeur d’homme de médecine. C’était à la fin des années 80.

Maintenant, il organise des cérémonies (ou rituels chamaniques) de deux à cinq heures au cours desquelles les gens sont regroupés pour la « méditation » dans l’obscurité, avec consommation ou non de l'ayahuasca (boisson faite à partir de plantes hallucinogènes, classée comme un stupéfiant en Occident), en vue de faciliter la circula-tion de l’énergie naturelle, de clarifier l’esprit, d’accéder à des états de conscience plus élevés, à une autre vision de la réalité. Il les accompagne de chants improvisés durant ses transes douces afin d’établir le lien avec les esprits, les ancêtres, de débusquer les traumatismes aussi anciens que profondément enfouis et les soulager.

En fait cet accès au monde des rêves est, pour les Shipibo-Konibo d’Amazonie péruvienne, leur support d’apprentissage de la vie. C’est à travers les rêves (la « vraie réalité »), que les Shipibo s’enracinent dans leur réalité sociale, qu’ils acquièrent et renforcent toutes sortes de savoir et de connaissance, qu’ils soient d’ordre technique, artistique ou spirituel. Plus qu’une manifestation insignifiante, le monde du rêve révèle pour eux un gisement de possibilités infinies, un espace psychique réel par lequel le chamane obtient ses pouvoirs. Il s’agit, durant ce « rêve lucide », d’en influencer le contenu et de prendre ainsi le contrôle du psychisme par l’attention,   la vigilance et l’imagination qui aide à résoudre de nombreuses situations en inventant le recours adéquat à un besoin particulier. Le rêve lucide a le pouvoir de créer sa réalité à tout instant et avec plus de conscience.

La consommation de ces plantes « visionnaires » (comme l’ayahuasca), n’a lieu qu’à des fins curatives en tant qu’elles permettent l’acquisition d’organes « extrasensoriels » et des outils conceptuels. Ce breuvage, selon le chamane, fait basculer la conscience ordinaire du monde macroscopique (humains, plantes, animaux) vers celui de l’infiniment petit, qu’on appellerait dans le monde moderne le monde de la biologie moléculaire et de l’ADN. Grâce à l’ayahuasca, la communication se fait directement avec les plantes et animaux sans passer par le langage parlé.  Comme si la réalité est la somme et l’interpénétration des infinités des mondes individuels de chaque créature vivante. Et l’esprit de l’ayahuasca est celui d’une femme, d’une Mère universelle, chaude, aimante et protectrice, d’une guérisseuse et une enseignante dont la sagesse parait illimitée. Elle permet de découvrir le monde des émotions (leur signification, leur langage, leur « logique » propre) et celui des images (le langage visuel du cerveau). Tout est métaphore. (D’ailleurs cette pensée métaphorique, analogique, liant les choses entre elles, est fortement représentée dans l’artisanat des Shipibo).

Ce n’est que plus tard, en affinant ses perceptions par des ascèses et l’usage répété des plantes que la vision se fait de moins en moins symbolique. On accède alors au « monde du chamane », l’aspect énergétique de la réalité. Ce ne sont plus des images symboliques mais un tourbillon sans fin d’énergies qui baignent le monde et qui le font et le défont, avec son langage et sa logique propres, qui ne sont rien d’autres que ceux des esprits. Comme si ces plantes aidaient à voir que tout est à la fois matière, énergie et savoir.

Un chaman est un guérisseur, un visionnaire et un médecin de l'âme qui marche entre les mondes, entre le visible et l'invisible.

Le chamanisme ne se prétend pas être une médecine, une religion, ni une philosophie, mais une technique mystique fortement liée aux esprits, permettant d'utiliser les états de conscience modifiés (pendant les moments de transe) pour trouver des solutions à des problèmes et pour soigner. Il est une expérience personnelle, intime avec l’univers, la nature, ses forces et la conscience. Il repose sur le principe de l'unité de toute chose : la prise de conscience que tout est relié dans l'univers, que toute vie, toute forme et toute substance émanent de la source originelle, qu’elles sont sacrées et font partie du Tout.

www.lumieres-spirituelles.net     No31  - Dhû al-Hujjah  1432 – Novembre 2011


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