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2014-12-27 | Readers 2328 | Share with your Twitter followers Share on Facebook | PDF

4-L’apparition d’un mouvement extrémiste bouddhiste en Birmanie


4-L’apparition d’un mouvement extrémiste bouddhiste en Birmanie

« 969 », ce nombre fait référence au bouddhisme, aux trois joyaux du Bouddha : 9 pour les attributs de Bouddha, 6 pour les enseignements de Bouddha, 9 pour les attributs de la Sangha, la communauté des moines. Et ce nombre, on le voit partout, placardé sur les murs, dans les boutiques, sur les téléphones, les motocycles.. Quoi de plus beau que ces rappels des principes bouddhistes dans la vie quotidienne !

Mais détrompez-vous ! Aujourd’hui ce nombre est devenu un nombre inquiétant qui fait peur, car il sert d’emblème à une campagne nationaliste raciste anti-islamique. Ces autocollants « 969 » appellent à acheter « 969 » c’est-à-dire à consommer dans des magasins tenus par des Bouddhistes et à boycotter ceux tenus par des Musulmans.

Et derrière cette campagne d’« acheter birman bouddhiste et non birman musulman », il y a une organisation et son nom est  « 969 ». Elle est principalement le fait de moines bouddhistes bamars, l'ethnie majoritaire d'un pays qui en compte 135. Concentrés dans la plaine centrale de l'Irrawaddy, les Bamars, de confession bouddhiste, forment 75 % de la population birmane. Et cette organisation, au lieu de répandre les enseignements de paix, de compassion et de tolérance de Bouddha, développe l’ostracisme et appelle à la haine contre les Musulmans. Déjà les Bamars se
considèrent comme les seuls vrais Birmans. Alors, que dire quand des moines bouddhistes reprennent ce chauvinisme et ce racisme !

A l’origine de cette organisation, un moine bouddhiste renommé, basé à Mandalay, qui l’a lancée en 2001 en vue de chasser les Musulmans. Il s’appelle Ashin Wirathu, a 46 ans en ce jour et dirige ou est le supérieur du grand monastère bouddhiste de Masoeyein, à Mandalay, un million d’habitants et deuxième ville birmane.

En 2003, sous la junte militaire, il avait été emprisonné pour avoir fomenté des émeutes contre les musulmans. Condamné à 25 ans de prison, il a été relâché, en 2012, à la suite d’une amnistie générale. Il est surnommé ou se fait appeler « le Ben Laden birman ». Car ce n’est pas l’image conventionnelle des moines bouddhistes qu’il diffuse. Il y a des moines qui combattent par la méditation, mais pour ce moine, le chemin de la non-violence passe par le combat et l’exclusion. Il parle d’une voix douce et monocorde et enchaîne les discours. Mais ces paroles sont du venin anti-islamique et il ne mâche pas ses mots : « Nous avons l’intention de protéger la race bouddhiste et notre religion. » ; « Prendre soin de notre religion et de notre race est plus important que la démocratie » ; « On peut être remplis d'amour et de gentillesse mais on ne peut pas dormir à côté d'un chien enragé ». « Ils [les musulmans birmans] se multiplient trop vite, ils volent nos femmes et les violent », « Ils [les musulmans birmans] sont de bons commerçants, ils contrôlent le transport, la construction. Maintenant, ils prennent le contrôle de nos partis politiques. Si ça continue, ns finirons comme l’Afghanistan ou l’Indonésie ! » « Ce que je veux, c'est protéger l'intérêt de la nation contre l'islamisation » Il justifie la non-application des préceptes bouddhistes de la compassion par le fait qu’ils seraient « attaqués »..

Ce moine est pourtant adulé par une bonne partie de la population birmane, à majorité bouddhiste. On voit un peu partout ici des pochettes DVD de propagande, revendiquant une séparation totale des musulmans et des bouddhistes en Birmanie, une sorte d’apartheid. Ses discours enflamment les foules et incitent à la haine raciale et religieuse, provoquant des émeutes et des pogroms contre la population musulmane comme lors du massacre d’une vingtaine d’adolescents musulmans à Meiktila en mars 2013. Il appelle à l’expulsion des Musulmans du pays et va même jusqu’à prôner leur extermination. C’est un visage de terreur que cette organisation répand dans le pays.

Bien impliqués sur les réseaux sociaux, profitant d'une bonne dose de désinformation et du profond respect de la population birmane pour les moines bouddhistes, les membres de cette organisation sont parvenus à s'attirer un véritable soutien populaire. Et c'est là le plus inquiétant.

La police est présente et assiste, spectatrice et muette aux émeutes. L’Etat, en quête de popularité, en profite pour sortir de nouveaux décrets précarisant davantage le statut de cette population musulmane. L’opposition se fait également remarquée par son silence. Les autorités bouddhistes locales font de timides déclarations de protestation quand elles sont acculées par l’opinion internationale.

Voilà un bel exemple d’instrumentalisation de la religion par un pouvoir local pour consolider son emprise au niveau national et se renforcer. Cette manipulation de la « menace musulmane » se limite-t-elle à ce niveau, ou, à l’heure du rapprochement birman américain, s’inscrit-elle dans le mouvement de mondialisation des conflits ? Qui se cache réellement derrière cette organisation ? Pourquoi les autorités religieuses ne se mobilisent-elles pas davantage pour dénoncer cette dangereuse déviation religieuse, qui semble être un phénomène unique dans l’histoire du bouddhisme ?

www.lumieres-spirituelles.net     No65 - Shawwal 1435 – Août 2014

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