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2014-12-27 | Readers 2342 | Share with your Twitter followers Share on Facebook | PDF

Le sionisme = une forme de racisme, et l’antisionisme ? (1)


Le sionisme = une forme de racisme

Et l’antisionisme ? (1)

Un évènement apparemment anodin peut parfois soulever de grandes questions. Ainsi, ce dîner national annuel organisé par le C.R.I.F. (le Conseil Représentatif des Institutions juives de France) au début du mois de mars 2014, passage obligatoire pour la classe politique française qui peut surprendre dans un pays qui proclame haut et fort sa laïcité. Durant ces dîners, le président du CRIF exprime ses souhaits pour l’année à venir. Rien de surprenant s’ils ne devenaient pas des injonctions suivies à la lettre par l’équipe dirigeante française. En plus des revendications de l’entité sioniste (la reconnaissance de la « judéité de l’Etat d’Israël » et celle de Jérusalem comme sa capitale), il y a cet appel adressé au président de la République française de « mobiliser la France contre ces deux fléaux que sont l’antisémitisme et l’antisionisme pour en faire une cause nationale. » La préoccupation prioritaire des Français ?! L’antisionisme un fléau ?!

Comment est-on arrivé à cette équation « antisionisme = antisémitisme », quarante ans après la condamnation du sionisme par l’ONU pour être une forme de racisme ? Comment la classe dirigeante française est-elle devenue sensible à de telles sollicitations ? Est-ce le résultat d’un travail assidu et planifié d’organisations sionistes, ou le signe d’un manque de vigilance, de lucidité, de fermeté de la part des défenseurs des valeurs démocratiques, antiracistes, antidiscriminatoires ? En faisant un détour dans le passé, peut-être trouverons-nous des indices qui nous aideront à comprendre cette évolution.

Le 10 novembre 1975, l’Assemblée Générale des Nations Unies adopta la résolution 3379 décrétant que le « sionisme est une forme de racisme et de discrimination raciale ».

Cette résolution (avec ses préliminaires) s’inscrit dans les efforts des instances internationales de « résoudre » les conflits par la voie négociée, au lendemain de la guerre d’octobre 1973 et du choc pétrolier. Elle confirme :

1-la résistance du peuple palestinien ;

2-les exactions de l’entité sioniste à l’encontre du peuple palestinien dès le début de son occupation de la Palestine et ses visées expansionnistes ;

3-le changement de la situation internationale avec l’arrivée au sein de l’Assemblée Générale de l’ONU d’Etats nouvellement indépendants, antiimpérialistes, anticolonialistes et antiségrégationnistes.

vDepuis, la situation au Moyen Orient évolua avec d’un côté l’éclatement de la guerre civile au Liban mettant en danger son système multiconfessionnel, la victoire de la Révolution Islamique en Iran et la signature d’un traité de paix entre l’entité sioniste et l’Egypte.

C’est alors qu’eut lieu un attentat dans la rue Copernic à Paris (France) dont l’importance et la signification échappèrent à la plupart des gens. Pourquoi cet attentat ? A qui était-il adressé ?

L’attentat de la rue Copernic du 3/10/1980

Le 3 octobre 1980, un homme à moto jeta un colis piégé dans la rue Copernic, non loin d’une synagogue où un office était donné, faisant 3 morts (non juifs) et une quarantaine de blessés. Mobilisation immédiate des médias criant à un acte antisémite pour faire descendre les gens dans la rue. L’ambassade sioniste et les organisations juives de France pointent du doigt les Palestiniens et le Liban, les principales organisations armées palestiniennes s’y trouvant. Le premier ministre d’alors, M. Raymond Barre, prudent en bon gaulliste, déclara (et le confirma plus

tard malgré les virulentes attaques à son encontre) :

« C’était des Français « innocents » qui circulaient dans la rue qui se sont trouvés fauchés parce qu’on veut faire sauter une synagogue. Alors que ceux qui voulaient s’en prendre aux juifs, auraient pu faire sauter la synagogue et les juifs. ». [Dans le sens de pourquoi parler d’un attentat antisémite alors que les victimes ne sont pas juives ? Ou, si la personne à la moto visait les juifs, pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? La synagogue n’était pas loin.] Selon son avis, cette affaire était « une campagne […] faite par le « lobby juif » »,ajoutant plus tard « que le lobby juif -

pas seulement en ce qui me concerne - est capable de monter des opérations qui sont indignes ». Ses déclarations lui valurentd’être taxé d’antisémite et selonses propres termes « d’être emm.. par le lobby juif » tout le reste desa vie. Il était pourtant marié àune femme juive d’origine hongroise.

 

Certains placèrent cet attentat dans la perspective des élections qui devaient se dérouler dans le pays quelques mois plus tard et qui allaient faire venir la gauche au pouvoir.

D’autres le lièrent à la fin de non-recevoir qu’avait obtenue la délégation de l’entité sioniste venue exprès pour demander aux institutions juives de France (CRIF), alors présidées par Alain de Rothschild, de constituer un lobby sioniste pro-israélien en France, à l’instar de l’AIPAC aux Etats Unis. Or c’est la politique non-discriminatoire de la République française qui a assuré (et continue de le faire) à la communauté juive de France son assimilation et sa prospérité(1). La constitution d’un lobby sioniste pourrait rompre cette harmonie et lui être préjudiciable. Est-ce justement cette assimilation qui dérange l’entité sioniste qui a besoin à la fois de juifs pour coloniser de nouvelles terres en Palestine et une base forte en Europe, inconditionnelle à sa politique ?

Cet attentat serait un message de l’entité sioniste adressé à la communauté juive de France pour la rappeler à l’ordre. Il ne serait pas le premier. L’histoire de la prise de contrôle des associations juives par le mouvement sioniste est remplie de tels exemples..

vUn deuxième évènement allait placer la France en conflit direct avec les intérêts de l’entité sioniste :

l’invasion «israélienne» du Liban, le 6 juin 1982, avec un nouvel attentat en France, dans un vieux quartier juif de Paris, pour mettre  fin aux manifestations  de protestation.

L’attentat de la rue des rosiers 9/8/1982 - Le rendez-vous manqué

Les grandes puissances occidentales, réunies en G7 à Versailles les 4-6/6/1982, avaient donné leur aval à l’armée «israélienne» d’envahir le Liban jusqu’au Litani (soit environ 40km à l’intérieur du territoire libanais) sous le prétexte de faire cesser les attaques palestiniennes.

Mais, l’armée sioniste ne s’arrêta pas là : le 12 juin, elle assiégea la ville de Beyrouth et à partir du 3 juillet, elle se mit à la bombarder, n’épargnant ni l’Agence de presse française (l’AFP) ni la résidence des ambassadeurs français (avec ses pins qui brûlèrent sous les bombes sionistes).

Le 1er août, elle occupa l’aéroport de Beyrouth, empiétant effrontément sur la zone d’influence traditionnelle française. Le régime français se contenta de protester politiquement et diplomatiquement et d’envisager une grande

manifestation nationale pour le 10/8/1982 à l’appel des partis gouvernementaux (socialiste et communiste) et d’autres ainsi que des associations et comités de soutien, pour protester contre les bombardements « israéliens » sur

Beyrouth. D’autres pays européens, dirigés également à cette époque par des partis socialistes, manifestaient leurs inquiétudes devant les visées expansionnistes de l’entité sioniste sur le Liban, pays souverain internationalement reconnu.

C’est alors qu’eut lieu l’attentat de la rue des Rosiers le 9 août, qui fit six morts dont des juifs et 22 blessés.

A défaut de connaître ses commanditaires, on peut voir à qui il profita, car il fut immédiatement suivi par une forte mobilisation des médias et d’énormes pressions sur le PS pour qu’il se retire de la manifestation encore prévue pour le lendemain. Et il obtempéra.

Le PC et les autres organisateurs de la manifestation répliquèrent en ajoutant aux mots d’ordre prévus celui de la protestation contre le racisme et l’antisémitisme. Elle procédait du même combat. Mais là encore, pressions, chantage, menaces ou flatteries eurent le dessus. Après le PS, le PC puis toutes les autres organisations se désistèrent.

Et la capitulation ne s’arrêta pas là ! Le gouvernement français décréta l’interdiction de toute manifestation pour

un temps indéterminé. Toute personne qui descendrait dans la rue pour protester contre les exactions sionistes au Liban serait passible d’une incarcération d’un an sans jugement !

Après cette capitulation, l’entité sioniste continua de bombarder Beyrouth ! Et la France sombra dans une profonde léthargie, de laquelle elle se réveille difficilement et souvent maladroitement, avec l’arrivée d’une nouvelle génération. Ce sommeil allait faciliter la tâche à l’entité sioniste pour continuer son offensive.

Certes, cette guerre au Liban provoqua chez certains une prise de conscience de la cause palestinienne et des exactions sionistes. De grands metteurs en scène comme Costa Gravas(2) se mirent à faire des films, où était posée la question qui fâche (pour les sionistes) : « Pourquoi les Palestiniens doivent-ils payer pour des crimes commis par d’autres en Europe ? » Ceux qui s’aventurèrent sur cette voie furent mis au ban de la société. Comment est-ce possible ? Y aurait-il, en France, un « lobby sioniste, faiseur de rois » ? C’est ce que nous verrons la prochaine fois.

L’antisémitisme : « Doctrine ou attitude systématique de ceux qui sont hostiles aux juifs [bien que le mot « sémite » englobe tous les peuples du Proche-Orient qui parlent des langues sémitiques et donc aussi les Arabes..] et  proposent contre eux des mesures discriminatoires. »

Le sionisme : « Mouvement prônant la constitution d’un Etat juif (puis sa consolidation) en Palestine ». A l’origine, il était un courant idéologique juif laïc, dans la mouvance des mouvements nationalistes européens du XIXe siècle, qui avait besoin, pour être réalisé, de terres – l’Argentine ou l’Ouganda furent suggérés avant que le choix ne fût porté sur la Palestine – et de soutiens  – la Grande Bretagne vit en ce mouvement un moyen d’asseoir son hégémonie sur la région. Ainsi, dès le début, le projet sioniste s’est inscrit dans une logique d’usurpation de terres et d’expulsion de ses habitants (« une terre sans peuple pour un peuple sans terre ») au service du pillage impérialiste de la région. Il existe aussi des courants chrétiens sionistes.

L’antisionisme s’est développé à la faveur de la résistance du peuple palestinien, lui reconnaissant le droit de vivre sur sa terre, récusant le projet sioniste d’accaparer les terres de Palestine au détriment du peuple palestinien, d’en expulser ses habitants et d’instaurer un Etat juif ségrégationniste et dénonçant ses exactions et ses visées expansionnistes

 (1)La France abrite la plus grande communauté juive dans le monde après les Etats-Unis et la plus grande communauté musulmane en Europe. Il est sans doute nécessaire de rappeler que la France est le pays qui a accueilli le plus de réfugiés de confession juive fuyant les persécutions nazies et que, bien que sous occupation allemande, 90 % des Juifs (français ou non) furent sauvés.

(2)cf.L.S. N°32

www.lumieres-spirituelles.net     No61  - Jamâdî II 1435 – Avril  2014


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