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2014-12-27 | Readers 2687 | Share with your Twitter followers Share on Facebook | PDF

Le chiisme


collection « orientalisme »

Le chiisme

de Heinz Halm   (trad. de l’Allemand Hubert Hougue) aux Editions PUF (1988-1995) 288p

Cet ouvrage écrit par un professeur allemand de l’Université de Tübingen en 1988 est considéré comme un classique sur le shi‘isme. Son approche se veut être strictement « historique », « scientifique », sans tenir compte des autres dimensions du shi’isme (dogme, Coran, droit..) ce qui révèle un problème de méthodologie dès le point de départ pour comprendre et analyser les faits.

La première moitié du livre est réservée au shi‘isme duodécimain et l’autre moitié aux déviations qui ont apparu au sein du mouvement shiite : les ghulats, les Ismaéliens, les druzes, les nizaris, les zaydites que les orientalistes considèrent comme shi‘ites alors que ni les premiers ne les comptent parmi eux, ni les autres ne se considèrent comme tels. Aussi, nous ne parlerons que de la première moitié du livre concernant le shi‘isme duodécimain.

L’auteur commence par présenter la scission des Shi’ites comme une querelle de personne pour qui serait le chef politico-religieux légitime, réduisant le projet shi‘ite à une question de pouvoir politique (temporel).

Puis il rapporte des faits de façon tronquée ou orientée, faisant des affirmations non fondées, souvent mal interprétées.(cf. pp53-54) La vie des Imams est toujours remise en question, dévalorisée, voire même dénigrée. L’Imam ‘Ali(p) est ainsi présenté comme étant à l’origine des premières grandes divisions au sein de la nation islamique, l’Imam Hassan(p) comme ayant jeté le discrédit sur ses descendants du fait de sa « renonciation »(p28) et l’Imam Hussein(p), comme une « totale nullité du héros », son entreprise ayant un « caractère désespéré »..

L’élaboration de la doctrine chiite duodécimaine officielle ou « traditionnelle » n’est pas non plus épargnée. Elle serait le résultat d’« appropriations de mouvements de dissidences » ou d’autres sectes (kaysaniste(p22), zaydite,  waqifiste (pour l’attente du Mahdi), soufiste (pour l’aspect spirituel)(p84), ismaélien et même mu’atazalite (pour l’utilisation de la raison)(pp61 & 65 & 117..)). En quoi les mouvements dissidents seraient les facteurs constituant les fondements de l’Islam (représenté par le shi’isme) ? La parenté originelle de la pensée musulmane est systématiquement refusée au shi’isme duodécimain. Il en est de même en ce qui concerne les méthodes de raisonnement, les règles pour la prise en compte des hadiths et les questions de l’Ijtihâd, du Taqlîd et de l’infaillibilité (ou non) du Mujtahid, etc.(voir de p64 à p110)

Une des conséquences de cette dépréciation du mouvement shi‘ite : le peu ou l’absence de crédit porté aux sources shi’ites, privilégiant celles sunnites sans en préciser la base ou les critères, refusant même certains essais shi’ites (comme ceux du grand savant TabaTaba’î) les taxant de « profession de foi », plus que d’« investigations scientifiques ».

En admettant qu’il n’ait pas compris le rôle des Imams(p) et la valeur de leurs propos rapportés qui remontent au Prophète(s) et qui rétablissent le texte authentique (c’est-à-dire l’Islam à ses origines), en quoi les sources rapportées par les « compagnons » du Prophète(s) seraient-elles plus fiables que celles rapportées par les Imams(p)(cf. p9) ? En quoi les sources des orientalistes occidentaux seraient-elles plus « authentiques » que celles originelles en arabe ou en persan ?

Puis il parle, d’une « longue évolution » (voire même d’une « mutation ») du shiisme qui lui fit changer fondamentalement de caractère(p3) pour aboutir à la situation actuelle où  « une caste de docteurs de la loi prend de plus en plus les traits d’un clergé ayant pour ambition l’accès au pouvoir politique (temporel) », un système « mollacratique »(p148) dépourvu de toute dimension spirituelle, universelle, scientifique. Est apparue une « théocratie directe » avec l’imam Khomeynî(qs).(p147) L’idéologie de l’attente du Mahdi est présentée comme une forme de manipulation des masses.. A ceux-là, l’auteur préfère les courants intellectuels iraniens ouverts aux influences occidentales, laïcs ou religieux comme ‘Alî Shariati (qui a fait un doctorat en France).

Enfin, après avoir affirmé que les différences théologico-dogmatiques et cultuelles sont minimes entre le sunnisme et le shi’isme, il termine cette partie sur le phénomène de ‘Ashûrâ’ qui, selon lui, est « spécifiquement chiite ».(pp158-163)

Malheureusement, cette façon de présenter l’évolution du shi’isme jusqu’à nos jours pour discréditer ceux qui sont au pouvoir en Iran depuis la  Révolution Islamique est souvent reprise dans les écrits des orientalistes. Ce n’est sans doute pas innocent.

www.lumieres-spirituelles.net     No60  - Jumâdî I 1435 – Mars 2014

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